Jusqu'à hier après-midi, aucune évolution de la situation n'a été enregistrée et la grève se poursuivra aujourd'hui. L'université de Tizi Ouzou est paralysée depuis quatre jours suite à un appel à une grève illimitée lancé par la coordination locale des étudiants (CLE). Le débrayage a été décidé aprés une assemblé générale ayant eu lieu le week-end dernier regroupant les représentants de pas moins de dix-sept comités de différentes facultés. Le mécontentement des étudiants est suscité par la mise en oeuvre du nouveau système appelé LMD (licence-master-doctorat) par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce n'est pas ce système en lui-même qui incommode les étudiants mais plutôt le fait que ceux d'entre eux faisant partie du système classique sont sérieusement pénalisés. Ces derniers ne pourront désormais pas ouvrir droit au concours de magister, une fois leur licence obtenue. C'est-à-dire que leur cursus universitaire est limité à la licence. Cet écueil concerne les étudiants de 2e, 3e et 4e années universitaires. Ces derniers, une fois leur licence en poche, devraient dire adieux aux études. De ce fait, les étudiants ayant toute leur vie rêvé d'un doctorat doivent chercher d'autres raisons de vivre. C'est du moins les informations que nous avons pu récolter, hier, auprès d'étudiants rencontrés dans la ville des Genêts. Une étudiante en deuxième année anglais nous a confié que désormais avec la licence qu'elle obtiendra dans moins de trois ans, elle ne pourra enseigner qu'au CEM puisque pour exercer dans un établissement secondaire, c'est le diplôme de magister qui est exigé. Et avec le système classique, point d'accès au magister. Notre interlocutrice explique qu'il s'agit d'une injustice à leur égard. Le problème né de la mise en oeuvre du système universitaire LMD n'est pas la seule raison ayant donné lieu à l'observation de cette grève illimitée au niveau de l'université de Tizi Ouzou même si elle en est la principale. D'autres problèmes socio-pédagogiques sont soulevés par les comités des étudiants. Le problème de l'insécurité à l'intérieur des campus, pourtant soulevé par les comités, ne semble pas vraiment se poser puisque des étudiants et des étudiantes résidant dans différentes cités, interrogés hier, ont démenti l'existence d'agressions à l'intérieur de ces sites. «Les agents de sécurité qui travaillent à l'intérieur de notre cité font leur travail convenablement», nous a confié une étudiante en troisième année économie, résidant à la cité Bastos. En revanche, les autres problèmes déplorés par les comités sont en bonne partie fondés. Une étudiante en langue étrangère, résidant à la cité pour filles de Oued Aïssi et étudiant au campus de Hasnaoua parle du problème du transport. «Il n'y a pas suffisamment de bus universitaires desservant la ligne Oued Aïssi-Hasnaoua», nous confie la même étudiante. Cette dernière révèle que quand elle a cours à Hasnaoua à 8 h, elle doit quitter sa chambre au maximum à 6h 45. Ceci pour prendre le bus de 7h 45 car il y a trop de monde qui attendent le matin devant la station des bus. Le soir, c'est le même scénario qui se répète avec une attente aussi longue, près du campus de Hasnaoua. «Nous attendons jusqu'à 18h 30 et plus pour réussir à avoir une place dans un bus afin de pouvoir rentrer à la cité de Oued Aïssi», précise une autre étudiante dans la même spécialité. Les étudiantes résidant à la cité de Oued Aïssi butent aussi sur un autre problème, d'après notre interlocutrice. Mais il s'agit d'un aléa qui touche la majorité des cités aussi bien celles des filles que celles des garçons. Il s'agit des longues queues qui se forment devant les réfectoires aux heures de pointe. «Il faut commencer la chaine à 17 heures pour diner aux environs de 19h 30», déplore un étudiant de la cité Hasnaoua. On peut imaginer aisément tout le temps que gaspillent les étudiants entre le transport et la restauration, sans compter la fatigue que ces gymnastiques induisent inéluctablement. Sur le plan pédagogique, les étudiants déplorent une multitude d'insuffisances. Parmi les points noirs, on peut citer celui du manque de salles pour les cours et les travaux dirigés. «Quand nous avons le module de maths, nous devons nous démener pour trouver une salle de libre», nous dit un étudiant en première année d'économie. La surcharge des programmes est un point qui perturbe sérieusement certains étudiants. A titre d'exemple, les étudiants en première année d'anglais ont douze modules avec un emploi du temps quotidien de 8h à 17 heures.