Le colloque sur le terrorisme a atteint sa vitesse de croisière depuis que le Président de la République a rappelé à l'ordre les agitateurs qui voulaient calquer la vision américaine sur ce phénomène transnational. Le philosophe français, André Glucksmann - qui ne mâche pas ses mots pour dénoncer la méthode russe de raser Grozny de la carte pour ensuite prétendre que les Tchétchènes ont des liens de parenté avec Al-Qaîda - , estime que le terrorisme dépasse le cadre des frontières et des religions. A une certaine presse qui cultive l'amalgame. Le sociologue François Bernard Huygues s'intéresse aux relations existant entre terrorisme et médias. Il les résume en une simple phrase: «Nous vous fournissons de l'événement, donnez-nous de l'écho». Par déduction, le terrorisme ne vaut que par l'ampleur que veulent lui donner les médias. A ce titre, l'expérience algérienne a failli. Les médias des années rouges ont développé les mêmes thèses que celles qu'emploient aujourd'hui les canaux américains. L'idée très réductrice du phénomène terroriste fait dire aux médias que tout crime commis quelque part dans le monde est assimilable à un acte terroriste dont l'origine est Al-Qaîda. Faut-il dans ce cas passer sous silence les actes terroristes? C'est la grande question à laquelle devraient répondre les spécialistes. Les Américains grossissent ces actes pour mieux justifier leur action. Cette méthode schématise leur politique. Après le terrible coup du 11 septembre, les Américains veulent prouver leur invincibilité déjà entachée, hélas. Les participants au colloque d'Alger semblent avoir saisi les enjeux et les revers de la confusion. Huygues rappelle, à ce propos, les dix siècles de terrorisme sous toutes les formes et les couleurs avant d'étaler son équation des trois «s»: secret, surprise et signification. Mais la remarque qui mérite une attention particulière est celle de Glucksmann qui a eu la lucidité de relever que le monde va vivre «des moments extrêmement difficiles à mesure que croissent les grandes cités bidonvilles». C'est dire que le terrorisme a tout l'avenir devant lui tant que la pauvreté et l'exclusion ne sont pas bannies. Cette lourde tâche doit impérativement être accompagnée d'une lutte implacable. Mais lorsqu'on veut entretenir l'amalgame afin de porter atteinte aux religions qui ont leur caractère sacré, tous les scénarios deviennent possibles.