Au moins 50 personnes ont été tuées et 150 blessées hier à Tikrit dans un attentat suicide contre des recrues de la police, le plus meurtrier en Irak depuis près de trois mois. Cet attentat, qui n'a pas été revendiqué, illustre la difficulté des forces irakiennes à assurer la sécurité de leur pays, à moins d'un an du départ prévu des derniers 50.000 militaires américains toujours déployés en Irak. Des recrues avaient commencé dès 06h (03h GMT) à se rassembler à proximité de ce centre de recrutement du centre de Tikrit, à 160 km au nord de Baghdad, en vue de s'engager dans la police, dont l'effectif national est supérieur à 440.000 hommes. Quatre heures plus tard, un kamikaze a activé sa ceinture d'explosifs au milieu de recrues près du premier point de contrôle menant au centre de recrutement, selon des témoins. De nombreuses taches de sang et des morceaux de chair humaine étaient visibles par terre, de même que des vêtements et des chaussures éparpillés ici et là. «50 personnes ont été tuées et 150 blessées», a déclaré un responsable du ministère de l'Intérieur sous couvert de l'anonymat. Au moins 37 recrues et deux policiers figurent parmi les morts, selon un responsable de la police de Tikrit. Le département de la Santé de la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale, a, de son côté fait état de 43 morts et 91 blessés. Le secteur de l'attentat a été bouclé par les forces de sécurité, tandis que des ambulances ont continué plusieurs heures après l'attentat d'emporter les victimes vers un hôpital de cet ancien fief de l'ex-président Saddam Hussein, exécuté en 2006. Pour leur assurer une meilleure prise en charge, certains des blessés devaient être évacués vers des établissements de Bahdad, Mossoul (nord) et Kirkouk (nord), selon le responsable du ministère de l'Intérieur. Dans toute la ville de Tikrit, des appels en faveur de dons de sang urgents ont été diffusés par les hauts-parleurs des mosquées. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier depuis l'attaque en pleine messe de la cathédrale syriaque de Baghdad, le 31 octobre. Cette opération, revendiquée par l'Etat islamique en Irak, branche locale d'Al Qaîda, avait fait 53 morts. Les cinq membres du commando armé avaient également péri. Et c'est le premier attentat d'envergure depuis l'investiture, le 21 décembre, du nouveau gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki, qui a cité la sécurité comme l'une de ses priorités. Les violences avaient semblé diminuer avec la conclusion en novembre 2010 d'un accord de partage de pouvoir entre les différents mouvements politiques qui a permis la formation du nouveau gouvernement, après neuf mois de crise.