Le premier ouvrage à paraître ce mois-ci, est le livre du jeune Jérôme Ferrari intitulé Où j'ai laissé mon âme, un roman que l'auteur présentera ce jeudi au CCf d'Alger. Editer en Algérie est une gageure. La coédition comme la coproduction s'avèrent parfois bénéfiques. D'une part, en termes financiers et d'autre part, en termes d'ouverture et d'échange des idées que cela suppose. Ainsi, après plusieurs années de collaboration active (près de vingt titres publiés conjointement), les Editions Barzakh et les prestigieuses éditions Actes sud franchissent un cap et nouent un partenariat inédit. Ils publieront dorénavant, en coédition algérienne, des textes de fond, des nouveautés, des essais, des fictions, en langue française ou arabe, des auteurs classiques ou contemporains d'Afrique, du Monde arabe et de la Méditerranée. C'est ce que Barzakh vient de révéler tout récemment. Parmi les titres qui figureront dans leur catalogue futur partagé, on cite André Brink, Mahmoud Darwich dans Anthologie 1992-2005 (bilingue arabe-français), Mohammed Dib avec Au café, Le Talisman (nouvelles) de Mourad Djebel, Jérôme Ferrari Où j'ai laissé mon âme, Laurent Gaudé avec La mort du roi Tsongor, Farouk Mardam Bey et Elias Sanbar avec Être arabe et enfin Edward Saïd avec La question de Palestine. Premier ouvrage à paraître, ce mois-ci, qui scellera cette relation littéraire, est le livre du jeune Jérôme Ferrari intitulé Où j'ai laissé mon âme, un roman de 156 pages, présenté comme un «texte sobre, tendu, pour dire l'horreur de la torture durant la Guerre d'Algérie. Une réflexion singulière et profonde sur le Mal.» Le livre prend racine en Algérie, au printemps 1957. La guerre fait rage, c'est la «Bataille d'Alger». Le capitaine Degorce (ancien résistant et déporté à Buchenwald) retrouve le lieutenant Andreani avec lequel il a affronté l'horreur des combats en Indochine. Autour de Tahar - figure de la révolution algérienne - et d'autres personnages - un militant communiste, une jeune moudjahida -, les deux hommes, tantôt complices, tantôt ennemis, affrontent leur conscience. En effet, les prisonniers passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre. Le lecteur algérien reconnaîtra en Tahar la figure de tel héros de la guerre de Libération nationale, en Degorce celle de tel officier de l'armée française. Mais le propos du roman va bien au-delà de la Guerre d'Algérie. Car, à travers ces différents protagonistes, Jérôme Ferrari, dans une écriture tendue - jusqu'à l'insoutenable parfois -, repose avec justesse la question du Mal... Un livre qui donne sans doute un aperçu de ce que c'était la guerre et ses démons. Faut-il pardonner ou non les errements d'une guerre? Pléonasme de haine de l'autre, de morts et de dérapages. L'auteur né à Paris en 1968, est agrégé de philosophie. Il vit actuellement en Corse où il enseigne. De 2003 à 2007, Jérôme Ferrari a été professeur de philosophie au Lycée international d'Alger. Il est l'auteur de plusieurs romans publiés chez Actes Sud. Où j'ai laissé mon âme, unanimement salué par la critique, a reçu le Prix France Télévisions 2010; l'auteur qui a séjourné durant quelques années en Algérie portera sans doute un regard distancié, celui du philosophe qui se pose toujours des questions au lieu de donner des réponses. Un regard de l'autre côté de la barrière qu'il entend donner certes, mais certainement non dénué de sens d'humanisme. Afin de mieux faire connaissance avec cet auteur, il vous donne rendez-vous au Centre culturel algérien l'après-midi de jeudi prochain. Alors ne le ratez pas!