La littérature salafiste du Gspc le prouve: Hassan Hattab avait, en janvier 1998, délégué des émissaires pour le représenter à la réunion des organisations islamistes de Peshawar, au cours de laquelle Ben Laden avait décidé d'attaquer les intérêts chrétiens et juifs dans le monde. Depuis, nous assistons à la prolifération de commandos islamistes dénommés El-Qods dans nombre de pays arabes. C'est le nom que porte la katibat de la zone 2 du Gspc, avec un effectif de 25 éléments armés et une «aire d'activité» comprenant Rouiba, Benzerga et Khemis El-Khechna. La récente prise de position du Gspc pour Ben Laden, au lendemain de la menace des Etats-Unis brandie contre ce dernier, renseigne aussi sur la relation de suzeraineté entre El-Qaîda et le Gspc. Les mêmes stratégies et les mêmes visées les unissent. On affirme même que c'est Ben Laden qui avait demandé à Hattab de prendre ses distances avec le GIA, largement discrédité dans le monde, et d'opter pour une «stratégie de symbiose». La méthode terroriste, mise sur pied par le Gspc en Kabylie et à l'Est, renseigne, de façon claire, sur ce point. Ni rapt, ni viol, ni recours à l'explosif, mais bien des assassinats ciblés de policiers, de gendarmes, de militaires, de GLD et de gardes communaux, des descentes à la fois punitives et de moralisation dans les bars et des débits de boissons, ainsi que des connexions étroites avec les milieux mafieux, afin de tirer des «impôts» sur les activités. La première manifestation de ces mercenaires s'est traduite par les événements de Guemar, dont l'instigateur avait été Bounouia. Le tentacule de l'HCI s'est déployé, depuis, sur la Suède, avec Mokhtari Lahassi et l'ex-Bosnie Herzegovine, avec le «turbulent» Qamareddine Kherbane. La Ligue islamique mondiale de Abdellah Djouid, dont le siège est à Peshawar, a été, elle aussi, un pôle d'attraction du GIA. Boubkar El-Djarar et Bounoua Boudjemaâ y ont recueilli des dizaines d'Algériens avant de les «exporter» vers l'Algérie élaborer le modèle afghan. Bounouia Boudjemia a été l'un des pivots de ces «marchés». Pour ceux qui ne le connaissent pas sous cette appellation, ils ne peuvent ne pas le connaître sous son pseudonyme actuel d'Abdellah Anas, une des quatre personnes chargées de préparer le congrès du FIS à l'étranger. Cet Algérien reste le mieux introduit auprès des différentes fractions afghanes et dispose d'un visa permanent pour les Etats-Unis. Mais le véritable état-major du GIA aux USA a été pour de longues années, représenté par Anouar Heddam, Mokhtar Maghraoui et Seghir Mohamed. Comme pour les autres réseaux, les services de sécurité américains ont essayé de les manipuler, avant de décider, sous la poussée de l'opinion publique, de mettre, enfin, Heddam en prison. Environ 860 Algériens ont fait la guerre d'Afghanistan. La plupart se sont «recyclés» dans la guérilla en Algérie à partir de 1993, transitant par le Maroc, le Niger et la Libye. Les autres, environ 300 à 400, se sont déployés en Bosnie à partir de 1994, et en Albanie. Une bonne centaine est restée dans les troupes d'élite et la garde prétorienne de Ben Laden. En fait, le véritable problème qui s'est posé à partir de 1990 pour 2000 combattants arabes, qui ont participé à la guerre contre la Russie, était de savoir ce qu'ils allaient devenir. Pour la plupart, le retour au pays était un retour au «kofr». Pour certains, comme dans le cas de l'Algérie, il y eut l'utopie de «refaire» l'Afghanistan en Afrique du Nord. Mais pour la plupart, c'est désormais, au choix de l'exportation de l'islamisme par ces moyens forts qu'il fallait souscrire. La victoire contre le géant russe a montré qu'une petite région pauvre et pastorale pouvait venir à bout des tenants de l'hégémonie occidentale. La prochaine cible était toute désignée: les USA.