Depuis quelques semaines, les multiples déclarations d'intention US commencent à se traduire par les actes. Il semble quasi impossible de comprendre les raisons qui ont poussé la Coface à réviser sensiblement à la baisse le risque Algérie en matière d'investissements pour ses hommes d'affaires, sans établir de parallèle avec l'entrée en force des Américains en Algérie. La France, en dépit de ses multiples déclarations d'intention, des deux visites effectuées par le Medef qu'accompagnaient des ministres français, n'a jamais voulu aller plus loin que de simples déclarations d'intention, ajoutées à des contrats commerciaux consistant en de vulgaires importations de produits manufacturés finis. Ce comportement paraît d'autant plus dommageable pour l'Hexagone que l'Algérie, jusqu'à un passé récent, était son principal partenaire économique puisque plus de 30 % de ses échanges commerciaux se faisaient avec la France alors qu'une partie, non négligeable non plus, quoique venant d'autres pays, passait également par ce pays avec les substantielles ristournes qui en découlent. Dès le premier jour de son investiture, on s'en souvient, le chef de l'Etat avait fait un discours dont peu d'observateurs doivent encore se souvenir même s'il annonçait en clair un changement de politique radical en matière de «diplomatie» et de «commerce international». «Il est désormais hors de question que les pays passent par Paris quand ils veulent traiter avec Alger», avait-il déclaré en substance. Depuis, des pas de géant ont été faits, qui ont permis à l'Algérie de finaliser son contrat d'association avec l'UE en dépit des nombreuses voix externes et internes qui s'étaient élevées pour s'y opposer. Le Parlement européen, à qui s'était adressé Bouteflika un jour auparavant, avait adopté unanimement cet accord d'association. Désormais, plus de relations «privilégiées» avec aucun Etat européen en particulier, si ce n'est en matière de commerce réel, de flux financiers et d'investissements palpables, comme c'est le cas pour la grande entreprise allemande Henkel. Dans le même temps, les négociations vont bon train pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC avec l'appui ferme, tant politique qu'économique, des Américains. Ce n'est pas tout. L'entrée en Algérie d'Orascom, proche des Etats du Golfe, et donc des Américains, a fait grincer pas mal de dents proches des intérêts français. D'où, entre autres, la campagne enclenchée contre cet opérateur de téléphonie mobile. Dans le même temps, de nombreux projets financés par les Américains ont commencé à se faire jour. Ils ne concernaient pas seulement les hydrocarbures même si le plus gros du gâteau réside dans ce volet comme l'a souligné le sous-secrétaire d'Etat américain à la coopération économique en visite à Alger alors que le Président, dans un discours prononcé devant les hommes d'affaires du Medef, avait, au contraire, beaucoup insisté pour dire qu'il n'y avait pas que le pétrole dans notre pays, que d'énormes potentialités économiques et commerciales restent encore à prendre. Mine de rien, lentement mais sûrement, ce sont des dizaines de millions de dollars américains qui sont en train d'être investis dans notre pays, prouvant par là au monde entier, que la stabilité est de retour, mais aussi que les Américains sont résolus à mettre le paquet sur le Bassin méditerranéen dans lequel notre pays joue un rôle prépondérant à plus d'un titre. Sans doute n'en fallait-il pas plus aux Français pour se mettre déjà à regretter leur «paradis perdu». Le geste de bonne volonté de la Coface, signe fort adressé aux hommes d'affaires français, ne serait que le premier de nombreuses actions visant à rattraper le temps perdu, si tant est qu'il ne soit pas déjà trop tard.