La décision prise par les plus hautes autorités du pays de rejoindre la coalition antiterroriste aura, à n'en pas douter, des répercussions sur la scène nationale. Dans une résolution adoptée avant-hier, le Comité central du FLN condamne les attentats qui ont ciblé les Etats-Unis le 11 septembre dernier et relève «les avertissements de l'Algérie sur le risque et les conséquences du terrorisme (...) et sur l'implication de certaines parties qui ont soutenu le fléau, qui ont fait de leur territoire des bases terroristes de trafic d'armes et qui ont mis leurs médias au service de la propagande terroriste». Le CC du FLN appelle «toutes les nations victimes du terrorisme à la solidarité dans un cadre organisé et concerté sous l'égide des Nations unies et dans le respect de la légalité internationale». A travers cette réaction, le vieux parti affirme sa pleine adhésion à la vision de l'Etat algérien qui a donné son accord quant à la participation de l'Algérie dans une coalition internationale antiterroriste. Cette position solidaire est partagée par le RND qui, dans un communiqué rendu public au lendemain des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, a fermement condamné l'acte et rappelé le caractère transnationale du terrorisme auquel est confrontée l'Algérie depuis une décennie. Les autres formations politiques du camp démocrate ont toutes eu la même réaction face à l'hydre terroriste qui a frappé les Etats-Unis. En phase avec les autorités centrales, les partis démocrates ont insisté sur la nécessité d'une action globale contre tous les réseaux terroristes de par le monde. Cette attitude tranche avec les réactions enregistrées dans le camp islamiste. En effet, le MRN de Djaballah développe un autre discours, puisque, dans un communiqué rendu public mercredi dernier, il a insisté sur la nécessité d'une mobilisation arabe contre les Etats-Unis, accusant ces derniers de vouloir monter une guerre contre l'Islam. Pour le parti intégriste, c'est le sionisme international qui est derrière les attentats. Aussi, à en croire Djaballah, le terrorisme islamiste qui a fait plus de 100.000 victimes en Algérie n'est pour rien dans la série d'agressions qui ont touché les USA. Le leader du MRN va jusqu'à appeler à un soutien actif aux taliban, au pouvoir en Afghanistan. Le MSP, vraisemblablement déstabilisé par la nouvelle donne internationale qui se dégage à la suite des attentats anti-américains, s'est contenté d'un communiqué laconique où il invite les pouvoirs publics à consulter les forces politiques nationales aux fins de sortir avec une position consensuelle sur ce que devra être l'attitude de l'Algérie face à la nouvelle situation mondiale. Cela étant, la décision prise par les plus hautes autorités du pays de rejoindre la coalition antiterroriste, aura, à n'en pas douter, des répercussions sur la scène nationale. En effet, il y a lieu de s'attendre à une décantation au sein de la classe politique dans ses rapports avec le pouvoir. Il sera très difficile à des partis comme Ennahda et le MSP d'assumer une participation au gouvernement dans une conjoncture où la lutte contre certains régimes islamistes sera implacable. Leur position sera d'autant plus difficile à défendre que l'Algérie est aux portes des élections législatives déterminantes, où la lutte antiterroriste sera sans doute un thème de campagne. Le FLN et le RND, qui semblent à l'aise dans leur condamnation du terrorisme internationale, partiront avec une longueur d'avance sur des partis piégés par leurs alliances, désormais suspectes à tous les niveaux.