Les capitales européennes partagent certainement le même risque mais peut-être pas les mêmes secrets. Rachid Ramda, Algérien membre du GIA recherché par la France et détenu depuis 1997, en Angleterre Younci Algérien du GIA détenu en Italie recherché par la France, Abdellah Kenai libéré par l'Allemagne qui refuse de le livrer à la France. La France refuse de livrer d'autres suspects de la mouvance terroriste à l'Angleterre. L'Espagne fait de même pour ses réseaux du GIA. La Suède, la Hollande, toute l'Europe donnent l'idée qu'elles vont dans le même sens dans la lutte antiterroriste, mais les capitales vont dans tous les sens. Les services secrets européens et américains se disputent-ils la détention des terroristes? Est-ce une raison d'Etat? Celle-ci joue parfois des tours rendant les accords internationaux contre le terrorisme de nul effet. Les exemples n'ont jamais fait défaut pour mettre en relief un phénomène qui a, pour des raisons d'Etat, confondu droits de l'Homme, espionnage, secret professionnel. Bref, la lutte antiterroriste prend des tournures étranges toujours pour des raisons d'Etat. L'Europe a toujours refusé de livrer les terroristes du GIA à la justice algérienne, sous prétexte qu'ils bénéficient du droit d'asile parce qu'ils risquent leur vie en Algérie. L'autre point c'est que chaque capitale cherche à garder pour elle les éléments terroristes qui sont passés par son territoire. Résultat: jamais un procès n'a pu livrer les secrets et les conditions dans lesquelles les réseaux du GIA ou autres se sont constitués. C'est le cas pour le procès du réseau responsable des attentats du métro de Paris en 1995 qui s'est déroulé sans la présence de Rachid Ramda. Idem pour le procès du réseau de Rome spécialisé dans le trafic d'armes vers l'Algérie et dont la liaison où plusieurs membres se trouvent dans d'autres capitales européennes qui n'ont pas jugé utile de coopérer pour les livrer au moins pour les besoins du procès. C'est ainsi qu'aucun procès n'a vraiment abouti à des révélations susceptibles d'aider les services spéciaux des différents pays dans leurs investigations. A la lumière de cette sourde guerre judiciaire intra-européenne, beaucoup d'observateurs en arrivent à s'interroger sur le poids réel des conventions de coopération judiciaire concernant le démantèlement des réseaux terroristes en Europe. Cette réalité, estiment certains spécialistes, trouve sa justification dans la sacro-sainte raison d'Etat. Il y a lieu de constater en effet que les services de renseignements des différents pays européens ne verraient pas d'un bon oeil l'extradition d'un de leurs «prisonniers», d'autant que ce genre de clients peut servir dans le cadre de la sécurité intérieure des Etats. C'est d'ailleurs pour la même raison que certaines lois ont été modifiées dont certaines font de chaque étranger un terroriste potentiel. C'est du moins le cas en France dont le dernier texte de Sarkozy peut remettre en cause le droit d'asile, voire la nationalité, pour ceux qui constitueraient une menace pour la sécurité. C'est ainsi que des terroristes avérés arrivent à jouer des rivalités entre services de renseignement et trouvent souvent le moyen de se rendre utiles aux pays où ils sont établis. Un deal qui n'honore pas les services spéciaux, d'où cette tendance à toujours protéger certains terroristes, quitte, pour ce faire, à instrumentaliser la justice.