Sollicité récemment par l'Allemagne, le groupe continue à être boycotté par les organisateurs de l'Année de l'Algérie en France... Ils ont fait un tabac en Allemagne. Après avoir enflammé la scène germanique, avec une température de -11°c: D'zaïr est rentré vendredi au bercail, avec dans la tête plein de souvenirs. Que de bons souvenirs très requinquants et motivants. Né il y a plus de 2 ans, le groupe D'zaïr a su s'imposer au fil des années, par son talent et sa pugnacité sur la scène nationale et désormais, internationale. Les musiciens de la formation au nombre de cinq, à savoir Hicham au clavier, Saïd à la batterie, Toufik à la basse, Redouane à la guitare et Hakim au chant ont, plus que jamais, aujourd'hui, l'envie de confirmer leur savoir-faire musical et montrer ce qu'ils ont dans le ventre. Leur amour de la musique a été couronné récemment par la sortie sur le marché d'un nouvel album intitulé Sarah, un album très agréable à écouter qui vous conduit au sommet de la plénitude. Véritablement avec son style musical très particulier (pop rock), le groupe D'zaïr a su trouver son «son» très planant. Dans le cadre de la promotion de son album, le groupe anima quelques soirées au cours de ce ramadan. Il sera sollicité en outre par la fondation allemande Friderich Ebert, à prendre part à une manifestation bilatérale qui entre dans le cadre des échanges culturels algéro-allemands. Des Journées d'Algérie où il sera question de faire découvrir le vrai visage de l'Algérie au peuple germanique à travers notamment une exposition de photos de Zohra Bensemra, qui dévoilera en photos la vie quotidienne des Algériens de 1993 à 2002, de débats et de conférences sur la Kabylie et la «recherche identitaire», d'une lecture poétique animé par l'écrivain Tahar Ouettar, de projections cinématographiques sur l'Algérie, «vue par elle-même» et de débats publics sur le rôle des relations économiques germano-algériennes où prendront part, notamment, Khalida Toumi, ministre de la Culture et de la Communication, Baya Gacemi, journaliste de L'Express. Et pour mieux représenter la musique algérienne, on fera ainsi appel au groupe D'zaïr qui, signale-t-on, est responsable de la commission artistique au niveau de l'association SOS Culture Bab El-Oued. C'est d'ailleurs au nom de cette dernière qu'ils partiront représenter dignement l'Algérie. Outre qu'elle soit enrichissante sur le plan personnel, cette expérience qui vient s'ajouter sur leur liste d'aventures musicales, a été pour Hicham et Hakim, une occasion pour véhiculer un message. «Nous avons atteint notre objectif, affirme Hicham. Faire comprendre aux Allemands que l'Algérie ne se résume pas uniquement à la gasba et au guellal. L'Algérie possède une civilisation. C'est un pays qui a des idées et il s'ouvre sur le monde occidental. On était les représentants de la jeunesse algérienne.» Durant plusieurs jours à Bonn et à Berlin, le groupe a conquis le public, peu habitué à notre musique. C'est d'autant plus normal qu'il soit surpris et même étonné de savoir que notre pays recèle d'aussi formidables musiciens et qui plus est jouent du rock. Eux qui ne connaissent quasiment que le raï ont été ainsi admirablement subjugués. Accueillis chaleureusement, le groupe a, de plus, su apporter en mots et en musique l'aspect positif de l'Algérie. «Pour montrer que la société bouge, progresse tout en gardant notre crédibilité, celle de la jeunesse et du pays», souligne Hicham. Une des chansons-phares de l'album, Litim (L'orphelin) a été traduite en allemand et lu sous sa forme poétique par un de leurs amis, un Allemand. Un moment chargé d'émotion, l'on s'en doute. «On n'a pas fait que chanter, insiste Hakim, on a voulu prouver qu'ici, en Algérie, il y a une jeunesse qui refuse catégoriquement l'intégrisme, qui est ouverte sur les cultures et les musiques du monde et dire que le jeune Algérien peut communiquer avec le jeune Allemand ou tout autre Européen, qu'on peut vivre ensemble en harmonie.» Satisfait de sa tournée en Allemagne, le groupe D'zaïr se prépare déjà à participer à un festival en Belgique au printemps prochain. Alors qu'il est sollicité à l'étranger, ce groupe continue à être boudé, voire boycotté par les organisateurs de l'Année de l'Algérie en France, une manifestation qui, comble de l'ironie, porte le même nom que le groupe et qui, en principe, voue le même amour pour l'Algérie et oeuvre pour la promotion de sa culture, entre autre musicale, dans toute sa richesse et sa diversité. «Un groupe pareil n'a pas été choisi! On se pose des questions. Pourquoi? Par rapport à quoi? C'est un appel que je lance aux décideurs», dira Nasser, président de l'association SOS culture Bab El-Oued.