Dans un climat de guerre imminente dans le Golfe, les deux capitales se consultent. Le vice-Premier ministre irakien, M.Tarek Aziz, a terminé hier, une visite de deux jours en Algérie durant laquelle il a remis un message du président, Saddam Hussein, au Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika. Reçu en audience par ce dernier, le séjour dans notre pays de l'envoyé spécial du chef de l'Etat irakien intervient dans un contexte particulièrement sensible, voire inquiétant avec les velléités d'une attaque militaire américaine contre ce pays. Attaque qui se précise au fil des jours en dépit de la réprobation quasi générale de la communauté internationale. Il ne faisait aucun doute que ce sujet a été au centre de tous les entretiens du vice-Premier ministre irakien avec les responsables algériens, dont le chef de la diplomatie algérienne, M.Abdelaziz Belkhadem. Ainsi, en sa qualité d'envoyé spécial du président Saddam, le responsable irakien a déclaré avoir informé le président Bouteflika de la situation qui prévaut dans son pays et de la position de Bagdad face aux menaces dont il est l'objet. D'ailleurs, à l'issue de son audience avec le Président de la République, M.Aziz a affirmé que l'Irak «est prêt à faire face à toute agression». Auparavant, à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene, il n'a pas hésité à déclarer que le peuple algérien comprend mieux que quiconque les souffrances du peuple irakien - soumis depuis 1990 à un embargo autant inhumain qu'injustifié -réitérant que «son pays ne détient pas d'armements de destruction massive et qu'il coopère pleinement avec les équipes d'inspecteurs de l'ONU», dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations unies. En fait, au-delà des consultations politiques à haut niveau entre l'Algérie et l'Irak qui n'ont jamais fait défaut depuis leurs indépendances respectives et de leur continuelle et concrète coopération économique et commerciale, Alger et Bagdad ont toujours entretenu d'excellentes relations diplomatiques. Et pour tous ceux qui ont commencé à douter de la position algérienne sur la crise irakienne, lorsque le Président Bouteflika qui participait au récent sommet de la francophonie de Beyrouth (Liban) le 20 octobre dernier, avait alors pressé l'Irak de faciliter la mission des inspecteurs en désarmement de l'ONU, il faut rappeler que le 4 janvier dernier à Alger, le Conseil des ministres de l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui regroupe les cinq pays nord-africans: Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie, avait exprimé sans aucune équivoque sa solidarité avec l'Irak. En effet, dans le communiqué final de cette réunion, il a été clairement mentionné que «les chefs de la diplomatie de l'UMA ont exprimé leur profonde préoccupation quant aux menaces visant l'Irak et ont réitéré leur solidarité avec ce pays, tout en appelant à la levée de l'embargo qui lui est imposé». Autrement dit, et bien qu'éloignés géographiquement de l'éventuel champ de bataille et de la possible confrontation militaire entre l'Irak et les Etats-Unis, les pays arabes du Maghreb, pris individuellement ou collectivement, ne peuvent cautionner, politiquement ou diplomatiquement, une action guerrière contre un autre pays arabe quels que soient les prétextes et les paravents juridiques. Et, c'est tant mieux pour la nation arabe et pour le monde.