“Le comité central du FFS s'est réuni pendant cinq jours, sans désemparer, afin d'examiner la situation engendrée par le coup de force perpétré contre la légitimité populaire, les 8 et 15 septembre, et pour dégager un programme de résistance aux complots du gouvernement contre la révolution et l'unité de notre peuple. Le comité central du FFS déclare ce pouvoir illégal (...) Il décide de mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose, pour arrêter net ce processus de fascisation ; de mettre fin au pouvoir dictatorial et au régime personnel qui tente de s'imposer à notre pays ; ordonne à ses militants d'engager, à partir de ce jour, le combat décisif dans la discipline et le strict respect des directives”. Pendante sur un mur du siège du parti à Alger, la banderole d'où sont tirés ces extraits, datant du 29 septembre 1963, rappelle qu'il y a près de 45 ans, jour pour jour, le FFS de Hocine Aït Ahmed s'insurgeait contre le pouvoir d'Ahmed Ben Bella, accusé de despotisme oriental. À la veille de la célébration de l'anniversaire de ce soulèvement qui avait signé la fondation du parti, le FFS a invité jeudi les anciens de 1963 pour des témoignages sur cet événement qui reste officiellement proscrit et absent des manuels scolaires. Dans son allocution d'ouverture, le premier secrétaire national du parti, Karim Tabbou a expliqué que ce regroupement des militants de “la première heure”, le premier d'une série de rencontres à travers plusieurs endroits du pays, sera couronné par une grande rencontre nationale des anciens de 1963, dont la date reste à déterminer pour élire leurs représentants au sein du conseil national du parti, comme le stipulent les nouveaux statuts et règlements du parti. Mais au-delà, l'enjeu vise aussi à “couper l'herbe sous le pied” de ceux qui se revendiquent de 1963, allusion à peine voilée à certains dissidents et contestataires. “Beaucoup se disent militants de 1963, et qu'ils œuvrent pour réhabiliter le parti, alors qu'ils œuvrent, dans la réalité, pour sa destruction”, a-t-il dit. Ancien commandant de la Wilaya IV et membre fondateur du FFS, Lakhdar Bouregaâ, pour sa part, est longuement revenu sur le contexte qui a suivi l'indépendance du pays et les circonstances de la création du FFS. “L'histoire est la meilleure immunité pour la nation”, a-t-il estimé. Quant à M. Mohand Chérif, il a évoqué l'atmosphère qui régnait à Alger alors. “Nous avons pris position dans cette crise”, a-t-il affirmé non sans rappeler que le FFS a été créé pour défendre le pluralisme. À noter qu'une gerbe de fleurs sera déposée lundi au cimetière de M'douha à Tizi Ouzou à la mémoire des martyrs de 1963. Non reconnus officiellement, sans statut, ces martyrs sont estimés à environ 500. Karim Kébir