En cas de manquement à la réglementation et aux normes, les dossiers des enquêtes seront transférés à la justice qui tranchera. Les risques sismiques importants auxquels est exposé actuellement notre pays ont poussé le gouvernement à prendre des décisions fermes. Sur instruction du Président, l'Exécutif doit, désormais, revoir ses cartes quant à la stratégie à asseoir pour amoindrir les lourdes conséquences provoquées par les récentes secousses telluriques. Le Premier ministre est chargé, dans un premier temps, d'entamer une étude de fond et de définir une politique appropriée d'occupation des espaces, tout en dégageant une méthode de prévention des divers dangers. Les dirigeants veulent dire, en d'autres termes, que l'Algérie ne doit pas gérer seulement les urgences. Ce projet se veut, selon ses initiateurs, une grande œuvre nationale qui s'étalera dans le temps. Celle-ci aura pour objectif, de corriger les lacunes commises, il y a plusieurs décennies, en matière d'aménagement du territoire et d'urbanisme. Le développement de l'Algérie doit être adapté à la carte des risques sismiques qui la menacent toujours. L'expérience “fâcheuse”, malheureusement, qu'a acquise notre pays, doit servir à l'avenir à transcender tous les périls dans ce domaine. Les premiers jalons de cette nouvelle approche sont ainsi jetés. Il va falloir mettre en œuvre cette vision, dira le président de la république au cours du conseil des ministres tenu, jeudi, et espérer que l'Algérie saura maintenir le cap. Une attention particulière est, par ailleurs, accordée par le chef de l'Etat au programme de reconstruction et de réhabilitation. Le gouvernement est tenu de veiller au respect strict des normes et de la qualité des ouvrages. Sur un autre registre, l'équipe de M. Ouyahia a été instruite par, M. Bouteflika, pour préparer la révision de la législation relative aux assurances. La police d'assurances obligatoire Ainsi, la contractualisation de police d'assurances contre les catastrophes naturelles, dont les séismes sera prochainement consacrée dans un texte de loi et deviendra obligatoire. Le vide juridique constaté sur ce point sensible est criant en dépit des risques encourus quotidiennement par les populations. Le premier magistrat du pays a exigé la révision des normes antisismiques appliquées jusque-là dans les constructions. Leur mise en œuvre se fera d'une manière stricte sous peine, tel qu'il l'a souligné, de sanctions sévères. Les enquêtes engagées sur les malfaçons commises sur les constructions détruites et/ou endommagées lors du séisme doivent, a sommé l'Exécutif, impérativement aboutir. Dès que des faits mènent à la présomption de violation de la législation et de la réglementation en vigueur, les dossiers seront transférés à la justice qui tranchera. Il a ordonné, en outre, la réforme du plan Orsec national pour l'adapter aux nouvelles donnes qui émaneront des résultats des enquêtes et autres évaluations des dégâts engendrés par la catastrophe. À partir de là, un nouveau mécanisme de soutien à l'intervention des secours, qualifiés par les sinistrés de “lents” lorsqu'ils existent…, sera dégagé. Il faut noter que les pouvoirs publics n'ont pas pu réunir tous les moyens nécessaires du secteur économique public, tel qu'il l'a été fait en 1980 à El-Asnam, pour leur utilisation lors du tremblement de terre du 21 mai dernier. “Les conclusions doivent être tirées et les potentialités nationales rassemblées, pour faire face à l'avenir à des situations similaires ou pires. L'Algérie doit se doter des moyens requis et de l'équipement spécialisé pour lutter contre les grandes catastrophes naturelles”, lancera le président de la république. La nouvelle copie du programme d'Ouyahia vise aussi une réforme du dispositif législatif et réglementaire en place, pour combattre l'urbanisation anarchique et ses conséquences sur les équilibres des villes et des villages. La prévention des risques et le contrôle de l'urbanisme résument la philosophie de ce texte dans sa nouvelle version. Les moyens humains et matériels des communes seront renforcés, conformément à ce texte, de sorte à ce que ces dernières puissent accomplir leurs missions. Les paroles prononcées par le président procurent, certes, espoir et soulagement chez les populations victimes de cette tragédie. Reste à savoir quelle destination prendront ces décisions ? Ces dossiers connaîtront-ils une application stricte et concrète sur le terrain, ou vont-ils, en revanche, et comme il est de coutume, accumuler des couches de poussière à longueur d'année sur les bureaux des décideurs ? B. K.