Faisant allusion à l'exigence marocaine de faire de sa proposition d'autonomie la base unique des négociations en raison de considérations politiques, l'ambassadeur permanent de l'Algérie aux Nations unies dira : “La réalité politique doit se conformer à la légalité internationale et au droit international et non l'inverse.” Prenant le soin de rappeler d'emblée que l'objectif des négociations directes entre les deux parties au conflit du Sahara occidental, dont quatre rounds ont eu lieu depuis juin 2007 sous l'égide des Nations unies, est de “parvenir à une solution juste et définitive” à propos de ce territoire non autonome, le représentant permanent de l'Algérie à l'ONU soulignera que le processus de négociations sur l'autodétermination au Sahara occidental entre le Maroc et le Front Polisario a “plus que jamais besoin” de l'appui de la communauté internationale. Dans une déclaration devant la quatrième commission de l'Assemblée générale de l'ONU, chargée de la décolonisation, Mourad Benmehidi a notamment affirmé que “les efforts doivent maintenant se concentrer sur la recherche d'une solution conforme à la légalité internationale et au droit international”. Il prendra le soin d'expliquer que c'est par sa lutte glorieuse pour l'indépendance et son “devoir de solidarité et de justice” que l'Algérie évoque “de manière constante, ici et ailleurs, et de soutenir partout où il est violé, le droit des peuples à se déterminer souverainement sur leur devenir et à s'opposer à ceux qui veulent remplacer la suprématie du droit en lui substituant la logique de la force”. Tout en relevant qu'“aboutir à un règlement négocié requiert patience et persévérance”, le diplomate algérien déplorera que le cinquième round des négociations “continue d'être élusif pour la seule raison que l'une des deux parties, le Maroc, a tardé à apporter au secrétaire général de l'ONU l'appui que toutes les autres parties concernées et intéressées lui ont déjà exprimé dans ses efforts visant à préserver le momentum de la négociation”. Poursuivant son intervention dans le même ordre d'idées, l'ambassadeur permanent de l'Algérie auprès des Nations unies mettra Rabat devant ses responsabilités en lui reprochant de se dérober à ses engagements. “En exigeant que cette proposition doit constituer la base des négociations, le Maroc veut se dérober une fois de plus à ses engagements de coopérer à l'application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale et veut faire une lecture unilatérale du principe de l'autodétermination en refusant de satisfaire à l'exigence d'un référendum libre et juste, dans lequel serait proposée l'autonomie en tant qu'option à choisir parmi d'autres options”, dira-t-il. Il fera remarquer, par contre, que “le Front Polisario s'est fondé sur la légalité internationale et l'application de la Charte des Nations unies pour réclamer l'exercice libre et sans contrainte du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, sans aller jusqu'à préjuger du choix qui sera fait par ce peuple”. Ce n'est guère le cas du Maroc qui “voudrait voir sa proposition d'autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine avalisée comme étant la seule base des négociations dès le commencement de celles-ci, ce qui préjuge à l'avance du résultat des négociations et de l'issue du processus de décolonisation”, ajoutera M. Benmehidi. Il insistera sur l'importance du rôle de la communauté internationale, dont la volonté s'exprime à travers cette assemblée, qui “se doit d'œuvrer à l'instauration du nécessaire climat de confiance en prenant au cours de la présente session une décision qui ouvre la voie à l'avènement d'une solution mutuellement acceptable et qui garantisse le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination”. L'ambassadeur algérien notera que le peuple sahraoui, comme tous les autres peuples, “est légitimement en droit de se réclamer” de la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont l'année 2008 marque le 60e anniversaire de sa proclamation par l'Assemblée générale de l'ONU. Partant de là, il dénoncera le fait que le Sahara occidental, depuis plus de trente-trois ans, “a été érigé en zone de non-droit, où toutes les résolutions, déclarations et conventions internationales garantes du droit des peuples et des droits de l'homme sont violées au quotidien”. Mourad Benmehidi estimera qu'“il ne serait que justice que la population sahraouie des territoires occupés du Sahara occidental bénéficie d'une protection internationale adéquate face à la répression féroce dont elle est victime et dont témoignent la presse indépendante et des organisations non gouvernementales mondialement connues lorsqu'elles arrivent à contourner le mur du silence qui entoure ce territoire”. Pour terminer, il précisera qu'il est “essentiel que le huis clos imposé dans les territoires occupés du Sahara occidental soit levé afin de permettre aux journalistes, aux parlementaires et aux membres des organisations humanitaires d'accéder librement audit territoire et de contacter la population sahraouie sans entraves”, sans oublier de dire qu'“il est tout aussi essentiel que les réfugiés sahraouis en territoire algérien, auxquels l'Algérie accorde une hospitalité fraternelle, ne soient plus l'enjeu des manœuvres politiciennes de la puissance occupante du Sahara occidental et bénéficient d'une sollicitude accrue en matière d'assistance humanitaire de la part de la communauté internationale”. Merzak T.