Les députés socialistes français viennent de déposer une proposition de loi pour réclamer “l'égalité” des pensions pour tous les soldats de l'ex-empire colonial ayant combattu dans l'armée française. Le texte fait suite à une récente décision de la justice d'aligner la pension militaire de six anciens combattants marocains sur celle de leurs compagnons français. “Avec la décision du tribunal administratif de Bordeaux (Sud-Ouest), un premier pas vient d'être franchi dans la reconnaissance de l'égalité des pensions pour les anciens combattants issus des anciennes colonies françaises”, a indiqué un communiqué des députés socialistes. “Mais la mesure qui ne concerne que les combattants marocains reste de portée trop partielle. Elle doit s'étendre à tous les combattants étrangers qui ont servi sous les couleurs de la France”, insiste le texte. La décision du tribunal de Bordeaux dévoile, en fait, une tromperie datant de la fin du mandat du prédécesseur de Nicolas Sarkozy. Jacques Chirac avait été ému en regardant en 2006 le film Indigènes retraçant le sort des soldats de l'empire. M. Chirac venait de prendre connaissance (seulement ?) d'une injustice qui se poursuivait depuis 60 ans. Egaux face à l'ennemi nazi, voire même en premières lignes sur le front, ils ont été oubliés après la Libération. Dès les débuts de la décolonisation, les pensions des ressortissants des anciennes colonies ont cessé d'être indexées sur celles des combattants français. Elles avaient été gelées en 1959. En 2002, le gouvernement avait décidé de les revaloriser, mais seulement en fonction du niveau de vie dans les 23 pays concernés. Au mieux, la pension de l'indigène était égale à 30% de celle du Français. Il a donc fallu attendre l'année 2006 et la sortie du film Indigènes de l'Algérien Rachid Bouchareb pour voir s'accomplir “un acte de justice” avec la décision de revaloriser ces pensions. Entretemps, bien sûr, la plupart des survivants sont morts, allégeant par leur sort le budget de la France. “La France accomplit aujourd'hui un acte de justice et de reconnaissance envers tous ceux qui sont venus de l'ex-empire français combattre sous notre drapeau”, affirmait alors le président Jacques Chirac lors d'un Conseil des ministres. Seulement voilà : la décristallisation ne concernait que les pensions d'invalidité et la retraite du combattant. Et pas la pension militaire de retraite qui constitue la prestation la plus importante. L'omission sera-t-elle réparée ? L'espoir est permis avec la décision du tribunal de Bordeaux et le projet de loi socialiste. Selon un comité de soutien, les pensions de retraite militaire sont actuellement “8 à 10 fois moins importantes pour un “indigène” que pour un ancien combattant français”. A. OUALI