“Vous assumez !” La phrase éructée par le président du comité du village d'Akaoudj à la face du maire d'Aït Aïssa Mimoun, 10 km à l'est de Tizi Ouzou, se veut un avertissement quant aux risques de débordement que l'action des citoyens de ce village pouvait engendrer sur l'ordre public. Et pour cause, la colère des centaines de manifestants qui, en plus de fermer, hier, le siège de l'APC, ont bloqué le CW174. Les tentatives de dissuader les jeunes en colère de “couper” cette route à grande circulation ont été vaines. Des pneumatiques usés, des pylônes, des blocs de pierre et autres bouts de ferraille balafrent la chaussée ; seuls des cas d'urgences étaient admis à passer. Les jeunes, visiblement remontés contre les autorités, étaient prêts à en découdre. Pendant que la circulation était bloquée donc à Lebdhahi, les représentants du comité étaient en pourparlers avec le président de l'APC dans son bureau. Les membres du comité exigent la présence du wali de Tizi Ouzou ou de son représentant. En l'absence du chef de daïra de Ouaguenoun (parti en formation), le chef de daïra de Tizi Ouzou qui assure l'intérim a dépêché le secrétaire général de la daïra de Ouaguenoun pour suivre le mouvement de près, en attendant que d'autres responsables daignent se déplacer sur les lieux, comme exigé par les citoyens. L'action de fermeture du siège de l'APC fait suite à la sourde oreille des autorités à tous les niveaux, selon les membres du comité populaire. “Nous avons entamé depuis des mois nombre de démarches auprès de l'administration de la wilaya et de ses démembrements. Nous avons frappé à toutes les portes qui voudraient bien s'ouvrir à nous, hélas, nous n'avons rencontré que mépris”, regrette le président du comité de village qui poursuit : “C'est ce mépris-là qui nous a poussés à agir ainsi.” Affichant un profil bas, le maire, déjà en conflit ouvert avec les élus de l'APC qui ont voté un retrait de confiance contre lui, ne peut que donner raison aux manifestants. “C'est légitime de leur part”, avoue M. Aboud. “La légitimité est de notre côté, mais nous exigeons, de concert, des actions sur le terrain pour régler nos problèmes”, fulmine un jeune manifestant, qui ne s'explique pas que l'APC soit ainsi incapable de réaliser un bout de tronçon d'assainissement. “À ce niveau de responsabilité, on agit ou on rend le tablier”, affirme un membre du comité. Nos interlocuteurs parlent du non-raccordement au réseau d'assainissement de la cantine du collège pourtant réceptionnée depuis… 11 ans. Ils tombaient des nues quand ils ont appris qu'un rapport a été envoyé au ministère de l'Education nationale mentionnant que ce réfectoire fonctionne depuis deux ans. “Mensonges !” dénonce le comité. La cantine scolaire ne peut ouvrir si les 200 m d'assainissement ne sont pas raccordés, nécessitant un budget de 53 millions de centimes. Des broutilles. L'unité de soins est dépourvue du minimum, y compris l'alcool et le sparadrap. Elle est presque “abandonnée”. Les jeunes sont désemparés dès lors qu'ils ne disposent d'aucune infrastructure. C'est pourquoi ils sont guettés par la débauche, la drogue et autres fléaux sociaux. D'autres problèmes sont évoqués dans la plateforme de revendications : branchement au gaz de ville, entretien et gabionnage des routes, caniveaux ... “Ce sont les représentants de l'administration qui bloquent la situation, c'est pourquoi nous exigeons la venue du wali ou de son représentant pour s'engager publiquement devant les citoyens”, insiste le président du comité de village qui a appelé les manifestants au calme. Hier au milieu de l'après-midi, les citoyens d'Akaoudj observaient toujours leur double sit-in devant le siège de l'APC et sur le CW174. Yahia Arkat