Le responsable de la mouhafadha FLN de Blida aurait révélé que le wali local lui a proposé de rallier l'entreprise de déstabilisation de Benflis en échange d'une offre dont il n'a pas dévoilé le contenu. Le marché, réel ou supposé, n'étonne point : le système politique algérien est basé sur le clientélisme qui établit un rapport intime entre l'avantage matériel et l'appartenance politique. Le mouhafedh en question, s'il a adopté la démarche respectable du refus face à cette indécente avance, n'a pas été jusqu'à en divulguer le détail. En restant suffisamment vague pour que les pratiques du système ne soient pas étalées au regard indiscret des Algériens, il respecte la loi du milieu. Des milliers d'affaires de corruption, détournement, malversation et concussion sont ainsi dans l'air du fait d'anciens membres de l'ordre établi dépités par la déchéance de leur clan ou contrariés par l'insuffisance de leur part de la rente. Mais aucun d'eux ne va jusqu'à porter à la connaissance de l'opinion les éléments de son accusation occasionnelle. Il reste, quoi qu'il lui arrive, fondamentalement solidaire du système. Cette “révélation” est l'occasion de constater que “l'opposition”, dans notre pays, regorge d'enfants du système déchus. Les frivoles d'entre ces oubliés se rappellent régulièrement aux maîtres du moment en courant les conférences, les commémorations et les enterrements ; les aigris, en suggérant la nuisance éventuelle de leurs impossibles révélations. Ce pays est-il à ce point maudit que ce sont les déchus d'un système, pourtant si peu exigeants en matière de compétence comme en matière de moralité, qui se proposent pour le réformer. D'ailleurs, le régime ne s'y trompe pas : dès qu'une personnalité manifeste une adversité tranchée, elle est invitée à goûter aux avantages d'une orthodoxie du comportement politique à l'algérienne : “Viens chez moi au Club-des-Pins” ! Il en repart… blindé et revenu de “l'oppositionnite” radicale dont il affublera, à son tour, l'opposition franche et naïve. Le pouvoir, incrédule, a dû, depuis longtemps, méditer la sentence de Kateb Yacine : “J'ai vu des gens résister à la torture et fléchir devant l'attrait du luxe et du confort.” C'est dans cette disposition au “dialogue” que réside le secret de la longévité du système. La maîtrise corruptrice que notre administration a à l'égard des politiques — c'est le pouvoir exécutif qui gère les caisses — est réelle. Elle a été jusqu'à créer son parti et lui remettre pour un temps le pouvoir ! Mais c'est tout de même une aberration d'histoire que ce soit, aujourd'hui, du FLN que viennent les dénonciations de pratiques mafieuses dont ce parti est le concepteur et le conservateur. M. H.