Né de la rencontre de deux talentueux musiciens à savoir, Airelle Besson et Sylvain Rifflet, Rockingchair Quintet est un projet musical ambitieux qui conjugue le jazz au pluriel, et mêle le talent à la créativité. Ce collectif de 6 musiciens -qui allient base classique et plages d'improvisations libres- a déjà sorti un premier album éponyme en 2007. En l'espace de quelques années, Rockingchair s'est imposé sur la scène jazz française et a notamment été récompensé en novembre dernier lors de la cérémonie des Django d'Or, dans la catégorie nouveau talent. Le groupe sera ce soir en concert à Ibn Zeydoun, et pour faire plus ample connaissance, le co-fondateur du projet Rockingchair, Sylvain Rifflet nous présente le « jazz à la Rockingchair », tout en évoquant le concert de ce soir. Liberté : C'est votre première scène en Algérie. Appréhendez-vous le public de ce soir ? Sylvain Rifflet : On n'a aucune idée sur le public de ce soir, et c'est la première fois où on ne sait réellement pas où on va. En même temps, ça nous change des publics qui connaissent notre musique et qui ont un avis préalablement sur celle-ci. Quoique ce sera un moment assez fort pour la trompettiste du groupe, Airelle Besson parce que sa mère est d'origine algérienne, et c'est la première fois qu'elle met les pieds en Algérie. Comment est né le projet Rockingchair ? A l'origine, c'est un projet que j'ai fondé avec la trompettiste Airelle Besson. Puis le collectif s'est élargi puisque nous sommes à présent cinq musiciens…je dirai qu'on est précisément six musiciens si je compte l'ingénieur du son qui participe également au projet musical du groupe. Je tiens à souligner aussi que notre premier album représente les prémices du projet Rockingchair, mais pour notre deuxième album qui sortira à l'automne prochain, on plantera et ancrera réellement et effectivement le projet Rockingchair tel qu'il est, avec les univers de nous six. En fait, il est évident que nous sommes plus fort à six qu'à deux. Rockingchair est un projet inédit puisque ce n'est pas que du jazz que vous proposez… En effet, on ne fait pas que du jazz. On veut débarrasser cette musique de l'image stéréotypée qui lui colle à la peau. On a l'impression que dès qu'on dit jazz, ça implique trio avec piano, contrebasse, batterie ; ou alors c'est référentiel à la jolie chanteuse blonde toute mignonne. Une image donc gentille et simple, mais ça c'est du jazz commercial ; or le jazz en réalité est une musique bizarre et hybride. Toutefois, il y a un petit mouvement actuellement et il y a des personnes qui font des choses créatives. Mais le jazz est quand même une musique assez libre ? C'est certes une musique assez libre mais elle est devenue tellement libre et décloisonnée qu'elle en devient stéréotypée. En ce qui nous concerne, nous ne faisons pas que de l'improvisation. Musicalement parlant, on met des contraintes de couleurs et de mélodies dans le jazz. On a beaucoup cadré notre musique –c'est presque le même principe que la musique pop. Par contre, sur scène, on met de la liberté dans la contrainte. On s'éclate ! Et puis, on passe énormément de temps ensemble, plus de 2 mois par an, ce qui est très important, parce que d'une manière générale, les groupes répètent la veille de leurs concerts, ce qui n'est pas notre cas. On ne connaît pas encore votre musique. Mais diriez-vous que c'est la somme de toutes vos influences ? C'est exactement ça. Notre musique est devenue la somme de tout ce qu'on a écouté, tout ce qu'on a ingurgité. On a tous écouté beaucoup de jazz (mais pas le même), de la musique électronique, la pop anglaise et puis la musique du monde –comme on l'appelle en France. Il y a également l'influence de la société et même la musique classique…chez moi, par exemple, on écoutait Ravel. Ce n'est pas du Ravel qu'on fait, mais il y a certainement une influence. Qu'est- ce que vous avez concocté pour le public de ce soir ? En fait, ce sera un mélange entre quelques morceaux du premier album et une avant-première du nouvel album qui sortira à l'automne prochain chez le label parisien « Cheaf Inspector ». Il y aura également des morceaux inédits. S. K. (Le groupe de jazz, Rockingchair Quintet, sera en concert ce soir à 19h, à la salle Ibn Zeydoun (Oref). Prix du billet : 200 DA)