Le rêve de l'eldorado européen demeure indéniablement vivace et la tentation de traverser la Méditerranée taraude toujours l'esprit des jeunes. On n'attend que l'occasion propice. Ainsi, à la faveur d'une mer relativement calme en ce début de printemps, ce ne sont pas moins de trois “expéditions”, totalisant vingt-quatre éléments aspirant au séjour en Europe, qui ont quitté le territoire national à partir de la côte mostaganémoise. Le premier groupe de sept harragas, pour la plupart d'origine citadine, a pris le départ dans la nuit de vendredi à samedi de la semaine dernière de la plage de Kharroba, la station balnéaire satellite de la ville de Mostaganem. Presque simultanément, ils furent suivis par un second groupe de neuf éléments parmi lesquels figuraient une femme enceinte et un adolescent de seize ans. Ils avaient pris le large à partir de la plage de Chtaïbia, relevant de la commune côtières de Benabdelmalek-Ramdane, à quelque trente-cinq kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya. La troisième expédition, forte de huit autres prétendants à l'émigration clandestine, a mis le cap sur l'Espagne à partir de la plage de Hadjadj. Certains auraient été “cueillis” par la Guardia civil qui les a placés dans le centre de transit des immigrants clandestins d'Almeria. À travers les contacts téléphoniques entretenus avec les familles, on apprend que l'ensemble des aventuriers sont arrivés à bon port, sains et saufs. Un bon port gagné en prenant le risque d'emprunter des embarcations de pêche de fortune, mais en confiant leur sort à des guides expérimentés dans la traversée à destination de la péninsule ibérique. Il est à souligner que pour nombre de ces harragas originaires de la région du Dahra, l'Espagne ne constitue qu'une escale obligée. En fait, le cap final visé demeure la France, eu égard aux possibilités plus grandes de la prise en charge — clandestinement bien évidemment — par les membres de leurs familles qui y sont établies. Par ailleurs, mais dans le même contexte, et selon nos mêmes sources d'information, on apprend que deux harragas viennent d'être refoulés de France. Il s'agit de jeunes “aventuriers” originaires des localités de Hadjadj et de Sidi Lakhdar. Après avoir atteint l'Espagne, ils avaient rejoint la France mais ils furent aussitôt arrêtés et “réexpédiés” à leur terre de départ. M. O. T.