Le président américain Barack Obama a laissé la porte ouverte mardi à des poursuites contre d'ex-membres de l'Administration Bush ayant donné une couverture juridique à l'emploi par la CIA de techniques assimilées à des actes de torture sur les suspects de terrorisme. M. Obama prend le risque d'ouvrir une boîte de Pandore non seulement légale mais politique en refusant d'exclure une telle éventualité, au moment où la publication de notes internes de l'ère Bush, fournissant une justification juridique à l'emploi de telles méthodes, fait déjà polémique. Les documents rendus publics la semaine dernière par l'Administration Obama fournissaient à la CIA l'argumentaire juridique pour infliger aux terroristes des traitements censés les faire parler, comme la simulation de noyade. L'Administration Obama a expliqué avoir publié ces notes parce qu'elle risquait d'être forcée de le faire par l'action en justice d'une grande organisation de défense des libertés et parce que leur contenu était déjà sur la place publique pour une grande part. M. Obama a interdit le recours à ces méthodes deux jours après son investiture. Mais la publication des notes l'a exposé aux critiques non seulement des défenseurs de ces techniques, comme l'ancien vice-président Dick Cheney, mais aussi à leurs adversaires, dont beaucoup dans le camp de l'actuel président. M. Obama s'est retrouvé soumis à des pressions de défenseurs des droits de l'homme et d'alliés démocrates pour que les responsables de ces politiques ne s'en tirent pas à si bon compte. Interrogé sur le sujet à l'occasion d'entretiens avec le roi Abdallah II de Jordanie à la Maison-Blanche, M. Obama a répété qu'il serait "inapproprié" d'engager des poursuites contre les agents de la CIA, qui auraient conduit de tels interrogatoires, mais n'auraient fait que s'en tenir à l'avis des juristes de l'Administration Bush sur ce qui était légal et ce qui ne l'était pas. "Quant à ceux qui ont formulé ces décisions juridiques, je dirai que la décision appartiendra davantage au ministre de la Justice, dans un périmètre déterminé par différentes lois", a-t-il dit. "Et je ne veux pas me prononcer a priori. Je pense que beaucoup de questions compliquées entrent en ligne de compte", a-t-il dit. Ces propos ont immédiatement soulevé d'innombrables questions, dont celle-ci : comment les auteurs des notes pourraient-ils avoir à rendre des comptes et pas les politiques au plus haut niveau ?