Certains élus suggèrent l'effacement de la dette des pêcheurs dans cette conjoncture économique de disette qui menace toute la filière. Le deuxième jour de la première session ordinaire de l'APW de Skikda a été consacré au secteur de la pêche qui est considéré comme un facteur de richesse dans cette wilaya qui dispose d'un littoral long de 140 km. C'est une conjoncture de disette où l'aliment de mer essentiel, celui que le pauvre pouvait se permettre, à savoir la sardine affiche un prix record de 300 DA le kg. Et quand le prix de la sardine augmente, cela se répercute sur tout le reste des produits de la mer. Ce secteur reste l'un des plus grands pourvoyeurs de main- d'œuvre non qualifiée dans cette région qui dispose de trois ports de pêche. Selon l'intervenant dans l'Assemblée populaire de wilaya, la consommation annuelle moyenne individuelle de 4 kg consommée reste insuffisante eu égard aux richesses naturelles, matérielles et humaines disponibles dans cette wilaya. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, selon le rapporteur du secteur de la pêche, la consommation du poisson dans cette région de la Méditerranée est même en dessous de la consommation moyenne nationale qui est de 5,1 kg. La wilaya de Skikda dispose d'une flottille composée de 27 chalutiers, 88 sardiniers et 374 petits métiers. De 1998 à 2008, cette flottille a connu une augmentation de 55% beaucoup plus grâce aux programmes de la relance économique, Fida, et de la solidarité, nationale. Mais au vu de l'investissement consenti par l'Etat dans le secteur de la pêche notamment l'acquisition d'embarcations modernes, les résultats n'ont pas suivi. Au contraire, tous les poissons connaissent une augmentation vertigineuse des prix qui ne cessent de faire exploser les records. En 2004, la crevette rose était cédée à un prix moyen de 150 DA à Skikda, actuellement, elle ne tombe pas au dessous des 400 DA. Une production de 5 633.91 tonnes de poissons pour un stock pêchable de 38 000 tonnes est jugée insuffisante pour assurer une autosuffisance au niveau de la wilaya. Le rapporteur invoque toute une panoplie de causes comme l'absence d'unités pour la pêche hauturière, le manque de professionnalisme des pêcheurs et la faiblesse de leur formation et l'exploitation irrationnelle d'une zone délimitée au niveau du littoral. Pourtant ces lacunes existaient avant et n'avaient vraiment pas pesé sur la production qui était appréciable. Lors du débat, la plupart des intervenants ont pointé le doigt sur la pollution au niveau de la côte et “en l'absence d'une étude scientifique, on ne peut expliquer l'effet de la pollution”, a estimé Razika Laïfa, membre de l'Apw. Un autre élu Abdelhamid Bendjama évoque les ports de pêche et leur gestion par l'EGPP. “Le rôle de cette entreprise n'est pas clair et les ports sont toujours sous-équipés”, dira-t-il tout en se demandant si elle a une responsabilité dans ce statu quo qui caractérise les 3 ports de la wilaya. Au total 12 interventions ont été centralisées sur des interrogations sur la rareté et la cherté du poisson bleu. Certains élus ont même suggéré l'effacement de la dette des pêcheurs dans cette conjoncture de disette. Le responsable du secteur de la pêche impute la rareté du poisson sur les étals et partant sa cherté par la multiplication des camions frigos et des chambres froides ainsi que la demande grandissante d'une population qui est plus importante qu'avant. Il va sans dire que ce dossier de la pêche ainsi que cette session n'ont pas connu une préparation sérieuse dans une conjoncture d'élection présidentielle. Selon des pêcheurs du port de Collo aucune commission de l'APW n'est venue s'enquérir sur place sur la réalité des problèmes. Pourtant, il n'existe que trois ports de pêche dans cette wilaya. C'est ce qu'on appelle une analyse à distance. A. Boukarine