Les restes des ruines de Henchir Guessès, à Batna, sont en train de subir le même sort que la basilique chrétienne à Pasteur, des thermes romains et autres vestiges qui existaient autrefois sur les terres de la commune de Chemora et qui ont complètement disparu, bien que les vestiges de l'histoire et de la mémoire collective soient importants, non seulement sur un plan sociologique, ethnographique et historique, mais également sur le plan esthétique et culturel. Construite sur une terre légèrement surélevée au versant sud du pied de la montagne djebel Bayoud, au sud du tronçon routier reliant Chemora (W. de Batna) et Aïn Zitoune (W. d'Oum El-Bouaghi), la forteresse de Guessès, dont il ne reste que quelques pierres, est en train de se dégrader chaque année davantage : destruction et vol massif de ses pierres se poursuivent faute de protection et de surveillance. De ces ruines du fort byzantin de Guessès, il ne reste que quelques pierres de taille qui n'attendent que leur tour pour être saccagées, volées ou utilisées dans la construction de maisons ou dans la décoration des entrées des villas. Malheureusement, ce comportement, auquel les riverains et les habitants de la région s'adonnent, est resté impuni. “C'est H'jar Jouhal qui leur donne une histoire”, vous font observer en chœur certains habitants. Dommage qu'on n'ait pas compris la valeur de ce site archéologique pour le protéger et faire de lui une destination pour les touristes, les entichés des sites archéologiques et les archéologues. Cet ensemble de ruines de l'époque byzantine avait fait, entre 1938 et 1956, l'objet d'études et de fouilles. Le fort byzantin de Guessès, du genre “fortified granary”, dominait le site et ses lieux de villégiature. Ses remparts enserrent une basilique à double cœur qui a fait l'objet de plusieurs études archéologiques, à l'exemple de la basilique du Henchir d'El-Guesseria de Chemora et d'autres habitations en pierres dont les recherches et les fouilles n'ont pas révélé la nature. Ce fort avait une mission de guet stratégique, de manière à maintenir les communications et à se protéger contre les attaques des ennemis. À ce sujet, Noël Duval écrit : “En raison de sa position, on peut penser qu'il défendrait les abords extérieurs de l'agglomération de Henchir Guessès, comme cela a été le cas par exemple à Sbeïta dans la dernière période de l'existence de cette ville.” Dommage qu'un site archéologique d'une telle importance ne fait même pas l'objet de protection. Pire, Henchir Guessès ne figure pas sur la carte touristique élaborée par la direction du tourisme de la wilaya de Batna, bien qu'un tel site existe bel et bien. “Le site important d'Henchir Guessès est bien connu et a été repéré depuis longtemps, en particulier par les membres de la société archéologique de Constantine”, écrit Noël Duval.