Dernière ligne droite pour la présidentielle du 12 juin en Iran. Des débats télévisés sont organisés entre les candidats. Face au président sortant, trois candidats tentent de cristalliser les critiques envers le régime ultranationaliste qui réfute la détente proposée par Obama. Mahmoud Ahmadinejad, l'ancien maire de Téhéran, va-t-il être réélu à la tête de la république islamique dont il a pris le contrôle en 2005, avec, bien entendu, l'approbation et le ferme soutien du Guide Khamaneï et des milices islamistes, colonne vertébrale du régime iranien ? Sa défaite, jugée souhaitable par les Occidentaux, n'est pas probable même si des Iraniens sont exaspérés par la rhétorique populiste de leur président, l'incurie de sa politique économique et sa politique étrangère aventureuse. Ahmadinejad est encore populaire au sein des exclus et qui sont nombreux. C'est toute l'alchimie des pouvoirs autoritaires et populistes. En la matière, le président iranien est passé maître. Un peu comme Berlusconi en Italie, ses provocations lui valent des points dans l'audimat. Ses vociférations contre le monde occidental n'agacent que ses opposants qui lui reprochent d'isoler le pays en poursuivant un inutile bras de fer avec les Américains et les Européens au sujet du programme nucléaire national. Ses opposants, et aujourd'hui ses trois adversaires, dont le conservateur Mohsen Rezai, dénoncent sa politique économique erratique qui favorise l'inflation (25 % cette année) et le gaspillage de la manne pétrolière qui représente quelque 250 milliards de dollars par an. Ahmadinejad n'a cure de la contestation puisqu'il multiplie ses manœuvres pour se concilier encore les bonnes grâces de la vox populi en distribuant chèques et faveurs. Dans les quartiers populaires de plusieurs grandes villes, il vient de faire distribuer 300 tonnes de pommes de terre. Sur le plan politique, il accuse ses concurrents d'être des traîtres, d'avoir succombé au discours occidental qui prône la détente. Lui revendique la fermeté et promet, s'il est réélu, de ne pas négocier avec les grandes puissances sur le dossier du nucléaire dont il fait une cause nationale et à laquelle il aura réussi. Reste que le résultat du scrutin du 12 juin est incertain. Les réformateurs bénéficient du mécontentement. L'ancien président du Parlement Medhi Karoubi et l'ancien Premier ministre Hossein Moussavi proposent de mieux gérer le pays et de réduire les tensions avec l'Occident. Mais ils sont divisés comme en 2005 où la dispersion des voix avait permis la victoire d'Ahmadinejad. Le maître de Téhéran compte bien rééditer son premier coup.