Le sociologue, spécialiste du mouvement syndical algérien et professeur à l'université d'Alger, M. Nacer Djabbi, a été, avant-hier, l'hôte du Cnapest de Béjaïa pour animer une conférence sur le mouvement syndical algérien. Dans son intervention sur l'expérience syndicale algérienne, le conférencier a souligné beaucoup plus les points faibles que les points forts d'un tel mouvement social. Ainsi, l'orateur souligne avec force que le syndicalisme algérien profite plus aux politiques tout en citant l'exemple “type” de l'UGTA qui joue le rôle du politique dans des moments de crise cruciale. Un héritage, précise le conférencier, légué par le mouvement national en remontant justement aux origines de sa création. C'est ce qui explique, selon M. Djabbi, qu'à chaque fois l'UGTA cherche la protection de l'Etat dans toutes ses négociations. Mais plus grave encore pour le mouvement syndical algérien en général, souligne en rouge d'ailleurs l'intervenant, est l'absence d'une doctrine syndicale claire qui relève, avant tout, d'une culture démocratique. “La tendance lourde dans la société a une vision négative du syndicat à cet effet”, rend-il son jugement qui est sans appel en lâchant avec regret que le bon syndicaliste aujourd'hui est désormais celui qu'on peut corrompre. Sur l'absence de doctrine claire, elle est due au fait que les organisations syndicales nationales sont piégées par une culture politique égalitariste et communautariste. “Les organisations syndicales algériennes n'arrivent toujours pas à négocier autre chose que les salaires et encore moins les conditions de travail”, relève le conférencier, dans son traitement de l'aspect sélectif doctrinal des syndicats du pays. Au-delà de l'esprit ouvriériste du syndicat algérien dans son ensemble qui est le propre de toutes les organisations syndicales du monde, souligne M. Djabbi, il s'agit avant tout de réhabiliter le travail syndical. Revenant sur les relations des organisations syndicales avec les forces politiques, le conférencier estime que les partis politiques n'ont pas assez d'esprit imaginatif. “Même, l'islamisme politique qu'on qualifie de tendance lourde dans la société a échoué dans la création de son syndicat au fait qu'il l'a assimilé à une organisation caritative”, analyse ce spécialiste du mouvement syndical algérien à cet effet. Le syndicalisme a besoin de tout un travail, selon ce spécialiste du syndicalisme algérien. Les couches moyennes ont tendance à être laminées par le pouvoir d'achat actuel. “Ce sont les couches moyennes de la société qui mènent toutes les luttes”, remarque-t-il.