Lors d'un sanglant attentat terroriste perpétré sur la RN5, à hauteur de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, 18 gendarmes et deux civils ont été assassinés, mercredi tard dans la soirée, alors qu'un terroriste a été retrouvé mort. À ce bilan, s'ajoute la perte d'un important lot d'armes, de munitions et de tenues militaires. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier dans les rangs des services de sécurité perpétré dans la région depuis les années 1990. Un groupe terroriste a tendu une embuscade à une patrouille de la Gendarmerie nationale, au lieu-dit Oued Kessir, dans la commune de Mansourah, à 30 kilomètres de Bordj Bou-Arréridj, sur le tronçon de la RN5 entre cette localité et celle d'El-Achir reliant l'est au centre du pays. Réputé pour sa forêt dense et ses virages en pente dangereux, l'endroit, situé à proximité d'un pont et à 3 kilomètres du carrefour Mansourah-Alger, a été le théâtre d'une sanglante opération dirigée par des terroristes pour venger leurs acolytes abattus par les services de sécurité, il y a un mois. D'intenses tirs de feu nourris avec des armes automatiques et plusieurs déflagrations furent entendus depuis les hauteurs de Mansourah et des collines avoisinantes. Le scénario macabre, qui s'est déroulé en deux étapes une heure durant, a débuté lorsqu'un groupe de terroristes avait attaqué un campement de gendarmes chargés de sécuriser le chantier de l'autoroute Est-Ouest au lieu-dit Hammam El-Bibane, 10 kilomètres du chef-lieu de wilaya. Selon des témoins, les terroristes se sont contentés de tirer des coups de feu sur les gendarmes et de quitter hâtivement les lieux, pour faire diversion. Le plus macabre du scénario était programmé pour quelques minutes plus tard, à quelques kilomètres plus loin, soit à Oued Kessir. À mi-chemin entre le lieu de la diversion et le lieu-dit Oued K'sir, un autre groupe de terroristes, embusqués de part et d'autre de la chaussée, prendra d'assaut les véhicules 4x4 transportant une vingtaine d'hommes. Aussitôt touchés, les deux véhicules de la tête du peloton prendront feu. Selon des témoins, les assaillants ont surpris le convoi militaire en obstruant le tronçon routier à l'aide de deux camions semi-remorques dans les deux sens de la voie avant de surgir de tous côtés d'où ils ont tiré sur leur cible à l'aide de lance-roquettes et d'armes automatiques d'assaut. Les terroristes, qui seraient au nombre de 50 avec à leur tête l'“émir” de la zone II Abdelmoumen Rachid, alias Abou Younès Hodheifa El-Djound, ont mis le feu aux six véhicules de la gendarmerie, déshabillé leurs victimes, récupéré leurs armes avant d'achever à l'arme blanche certains blessés. Selon notre source, un lot d'armes et d'effets militaires a été perdu dans la même opération. Il est composé de 21 kalachnikovs, 2PM (Makarov), 6 radios Motorola, 21 gilets pare-balles, 21 tenues, 12 grenades, 2 000 balles et des documents qui se trouvaient dans les véhicules. En marge de leur besogne, les terroristes ont soutiré de l'argent et 12 téléphones cellulaires à des voyageurs qui se trouvaient non loin des lieux. B. M., âgé de 43 ans, gardien de prison à Batna, qui se trouvait à bord d'un véhicule léger a été tué de sang-froid par une balle logée dans sa tête avant d'être égorgé devant son frère. Deux autres passagères, qui devraient rejoindre Alger pour assister à un mariage, se sont retrouvées piégées dans leur véhicule. La plus jeune a été touchée à la cuisse. Selon son témoignage, les terroristes étaient nombreux et portaient des tenues militaires. Les gendarmes, visiblement surpris par l'ampleur d'une telle attaque dans une région assez boisée, n'ont pas eu le temps de riposter, ajoutent encore les mêmes témoins. Au moins six corps calcinés ont été retirés des véhicules en flammes par la Protection civile, tandis que trois miraculés, ayant pu riposter, échapperont à la mort et s'en sortiront avec des blessures. Aussitôt leur forfait accompli, les auteurs se sont retranchés dans la forêt. Certains se sont repliés en utilisant 4 voitures subtilisées sur place à des particuliers. Notons que dans la matinée de jeudi, le corps du chauffeur d'un des deux camions, B. Rabah, âgé de 65 ans et dont l'engin a servi à barrer la route, a été retrouvé mort dans un ravin non loin du lieu de l'embuscade. Un autre cadavre, non encore identifié et qui semble être celui d'un terroriste, a été également retrouvé dans la forêt.