Résumé : Farid apprend par Meriem que Sarah avait appris toute l'histoire sur sa prétendue stérilité et que Nadjette l'avait menacée. Ces deux chocs l'avaient anéantie. Sarah avait décidé de demander le divorce. 55e partie et fin Farid se met à réfléchir rapidement : - Meriem, veux-tu me rendre un service ? - Dans la mesure du possible. - Retiens Sarah près de toi demain matin jusqu'à mon arrivée. Il faut qu'on discute. - Je ne te promets rien, mais j'essayerai. - Bien. Je compte sur toi. Il raccroche et sentit ses yeux se mouiller. Sarah avait découvert la vérité et Nadjette avait découvert Sarah. C'était le bouquet pour ce soir. Demain, il va falloir qu'il quitte la maison avant l'arrivée de Nadjette. Sinon, il aura du mal à s'extirper de ses griffes. Son moral ne s'y prêtait nullement. Nadjette était une véritable tigresse et elle ne lâche jamais prise. Une idée traverse son esprit. Tiens, pourquoi ne partirait-il pas tout de suite rejoindre Sarah. Il prendra les devants et à son réveil, il saura la calmer. Sarah était moins coriace que Nadjette, et plus tard, il reviendra expliquer à cette dernière que son geste n'était pas anodin. Que son remariage n'était pas un fait du hasard, et que c'était elle-même, avec son caractère acariâtre qui l'avait poussé à fuir vers une autre femme Il se rendit dans la chambre de Sofiane et constate que ce dernier dormait à poings fermés. Il sortit alors de la maison et se dirige vers son véhicule. La nuit était bien avancée, la fatigue le taraudait, mais il n'en eut cure. Il va rouler jusqu'au matin pour rejoindre Sarah et lui dire qu'il l'aimait et lui demander pardon. Il reprend le volant et se met à rouler à grande vitesse. Il est déjà sur l'autoroute et les phares des véhicules venant en sens inverse l'aidaient à tenir les yeux ouverts. Ses pensées allaient de l'une à l'autre de ses deux femmes. Entre Nadjette et Sarah, il y a un monde. Il y a une vie. Il y a 20 ans de vie conjugale avec la première et à peine une année avec la seconde. Mais il aimait Sarah. Nadjette n'était que la mère de ses enfants, et aussi loin que remontent ses souvenirs, il ne se rappelle pas avoir vécu heureux avec elle. Cette femme l'avait réduit à néant. Il ne connaissait plus de chaleur familiale ni de repos auprès d'elle. Chaque fois qu'il retournait vers elle, elle le recevait à coup de remontrances, quand ce n'est pas des scènes violentes qui éclataient entre eux. Pourtant, Dieu seul sait s'il a essayé de remettre les pendules à l'heure. À maintes reprises, et durant toutes ces années, il a essayé de la raisonner. Il a essayé de discuter avec elle afin de trouver un terrain d'entente. En vain. Nadjette ne lâchait pas. Elle avait des principes bien à elle et des opinions très arrêtées. Pour elle, il était le père de ses enfants, avec des obligations envers eux, mais en dehors de ça, rien n'avait plus d'importance. Il était son mari tout au plus, et même dans ce rôle, il se sentait de trop. Par contre, Sarah, était tout le contraire. Douce, chaleureuse, avenante, aimante, elle avait su l'attirer et le subjuguer. Elle était belle et captivante, et à chaque fois qu'il allait vers elle, il se sentait revivre. Mais pourquoi a-t-il fallu qu'il refuse de concevoir un enfant avec elle ! Mon Dieu, se dit, Farid, j'aurais dû lui dire la vérité. Lui dire que je ne voulais pas d'enfants, du moins dans l'immédiat, lui expliquer le fond de ma pensée, au lieu de lui mentir et de garder notre mariage secret. J'ai été l'instigateur d'un véritable fiasco dans sa vie. Je ne me le pardonnerai jamais. Emporté par ses pensées, Farid conduisait d'une main ferme sur l'autoroute. Il avait de la peine à se concentrer et à garder les yeux ouverts, mais il tenait à arriver le plus tôt possible chez Sarah. Il venait de doubler un camion, quand les phares d'un véhicule venant en sens inverse l'aveuglèrent. Il tente de se rabattre sur la droite et donne un coup de volant. La voiture dérape, puis entame une succession de tonneaux, avant de percuter un arbre dont les feuilles jaunâtres s'éparpillèrent telles des mouettes autour du véhicule. Farid suit leur mouvement un moment avant de fermer les yeux pour l'éternité. fin Y. H.