Les familles des 46 harragas arrêtés durant le week-end passé contestent la manière forte dont auraient fait usage cette fois les forces navales pour mettre en échec la tentative massive d'émigration clandestine de leurs enfants. Deux au moins des parents en question, que nous avons pu rencontrer hier, dénoncent les garde-côtes qui auraient préféré couler deux des embarcations des jeunes clandestins plutôt que de les voir leur échapper. Ces graves accusations qu'aucun élément ne vient conforter sont fondées sur des témoignages concordants apportés par les membres de l'expédition aventureuse eux-mêmes, affirment les deux pères de famille. Ceux-ci demandent l'ouverture d'une enquête pour jeter la lumière sur ce qui s'est réellement passé durant cette nuit dramatique du jeudi au vendredi. Le premier responsable de la station maritime principale des garde-côtes de Annaba maintient, pour sa part, la version donnée officiellement aux médias juste après l'intervention du GTGC. Il est revenu, hier, lui aussi sur les circonstances dans lesquelles s'est déroulée l'arrestation ou le sauvetage, c'est selon, des 46 harragas qui se trouvaient à bord des deux embarcations artisanales entrées volontairement en collision avec les unités semi-rigides des garde-côtes de Annaba, selon lui. À ce propos, le chef de la station maritime précise que “les éléments des garde- côtes, qui ont entrepris la course-poursuite après lesdites embarcations dont les 46 passagers ont refusé d'obtempérer à leurs sommations, n'ont jamais utilisé la force contre eux et encore moins provoqué délibérément la collision qui a endommagé leurs embarcations. Au contraire, ce sont les manœuvres des jeunes candidats à l'immigration clandestine qui sont à l'origine des chocs dévastateurs avec nos deux unités. Ce qui n'a finalement fait que porter atteinte à leur intégrité physique”, soutient M. Zaidi Abdelaziz. Et de déplorer à son tour ce qui est advenu ensuite : “Nous les avons repêchés et récupérés tous comme ils étaient, avant de les prendre convenablement en charge. Malheureusement, il y a eu 18 blessés et plus grave encore un décès que nous regrettons du fond du cœur. J'espère sincèrement que pareils incidents ne se reproduiront plus jamais à l'avenir”. Hier, le tribunal d'Annaba n'a pas désempli. Il a été assiégé depuis l'après-midi d'avant-hier par des centaines de membres de familles des 46 jeunes harragas dont l'âge varie entre 15 et 41 ans. L'opération de contrôle d'identité des “brûleurs” des frontières ordonnée par le procureur près le même tribunal avait duré jusque tard dans l'après-midi d'avant-hier. Elle s'est poursuivie hier avant les présentations devant le magistrat. Un à un, ils ont défilé devant ce dernier et raconté chacun sa version détaillée des circonstances de l'opération depuis le moment où ils ont été repérés par les patrouilles des garde-côtes jusqu'au moment où le pire est arrivé. B. Badis et A. Allia