“Il est temps que les gens lèvent la main et votent”, insiste Ari Fleisher, le porte-parole de la Maison-Blanche, montrant l'impatience de l'Administration américaine devant le retard qu'enregistre le Conseil de sécurité de l'ONU. “Si les Nations unies n'ont pas la volonté ou le courage de désarmer Saddam Hussein, et si Saddam ne désarme pas, les Etats-Unis conduiront une coalition pour désarmer Saddam Hussein”, a une nouvelle fois rappelé George W. Bush, lundi dernier, à Denver (Colorado), lors d'un meeting entrant dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives américaines. Le président américain affiche ainsi clairement son impatience de voir le Conseil de sécurité de l'ONU voter une résolution l'autorisant à agir contre Bagdad. Lundi, la position américano-britannique a été confortée au Conseil de sécurité par le chef des inspecteurs onusiens, le Suédois Hans Blix, qui a été entendu par les membres du Conseil en compagnie du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed Baradei. Si ce dernier a refusé de prendre position, Blix a demandé au Conseil de sécurité de l'aider en avertissant l'Irak qu'un défaut de coopération entraînera des réactions. Les observateurs estiment que l'intervention du chef des inspecteurs a fait pencher la balance du côté de Washington, qui enregistrerait des ralliements à sa cause. On estimait le nombre de pays acquis à Washington et Londres au Conseil de sécurité à quatre avant la séance de travail de lundi. Les Etats-Unis auraient donc besoin de trois autres voix, pour atteindre les neuf voix nécessaires pour faire adopter la nouvelle résolution. Hans Blix met la pression en exigeant une “aide unanime” du Conseil de sécurité pour la réussite de la mission des inspecteurs. Cette pression a été critiquée par le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui estime qu'“il ne peut pas y avoir à la fois une action collective et une action unilatérale. Il faut choisir”. Le chef de la diplomatie française est catégorique : “Nous ne pouvons pas faire une partie du chemin avec les Nations unies et en même temps imaginer qu'un chèque en blanc puisse être donné.” C'est dire que Paris est loin d'épouser la position de Washington dans la question irakienne. Bagdad, de son côté, multiplie les gestes de bonne volonté, pour montrer le parti pris de George Bush, qui n'aurait qu'un objectif : attaquer l'Irak. C'est ainsi que le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a lancé un appel lundi dernier aux médias internationaux à venir en Irak pour surveiller le travail des inspecteurs en désarmement de l'ONU. Il a affirmé que son pays “facilitera la mission des inspecteurs onusiens”. Selon lui, “la résolution sur l'armement irakien proposée par les Etats-Unis vise à préparer le terrain à une guerre contre l'Irak”, et “si l'Irak rejette la nouvelle résolution, cela servira de prétexte pour une agression”, a-t-il ajouté. K. A.