Harcelée par la lutte implacable que lui livrent les chefs de la sécurité saoudienne ces dernières années, Al-Qaïda a tenté de frapper un grand coup, ce jeudi, en visant le premier responsable de la lutte antiterroriste du royaume, le prince Mohammed ben Nayef ben Abdel Aziz, lequel a échappé miraculeusement à un attentat suicide. Mettant à profit la cérémonie au cours de laquelle le prince recevait à Djeddah des convives, venus le féliciter pour le mois sacré musulman du Ramadhan, l'auteur de l'attentat suicide, un terroriste recherché, a exprimé son intention de se rendre. Après l'acceptation de cette proposition, le terroriste s'est présenté sur les lieux de la réception du prince Mohammed ben Nayef, vice-ministre de l'Intérieur chargé des Affaires de sécurité et fils du ministre de l'Intérieur, le prince Nayef ben Abdel Aziz, bourré d'explosifs. Le prince ne souffre que de “blessures superficielles”, a indiqué hier l'agence officielle SPA. Il a été hospitalisé pendant quelques heures et a effectué les “examens nécessaires”. “À 23h30 locales (20h30 GMT), et alors que le prince Mohammed ben Nayef recevait les gens le félicitant pour le Ramadhan, un criminel terroriste recherché, qui a dit vouloir se rendre, a fait exploser une bombe dissimulée dans son corps lors des opérations de contrôle”, indique un communiqué du palais royal saoudien. Selon la même source, l'auteur de l'attentat est mort et son corps “a été déchiqueté en 70 morceaux”. Aucune des autres personnes reçues par le prince Nayef n'a été atteinte. Le roi Abdallah, qui a rendu visite au prince à l'hôpital, a évoqué un manquement dans le système de sécurité, selon la télévision d'Etat al-Ekhbariyah, qui a montré l'entretien au cours duquel le prince semblait en bonne forme avec juste un bandage à un doigt de la main gauche. “Vous avez pris un risque. Il fallait que les gardes le fouillent”, a dit le souverain à l'adresse du prince, lequel lui a répondu : “Je suis dans l'erreur, j'ai demandé que personne ne le touche.” Il a également déclaré que cette opération “renforçait la détermination à annihiler cette faction égarée”, en allusion au réseau extrémiste Al-Qaïda d'Oussama ben Laden, lui-même de nationalité saoudienne avant d'en être déchu. Pour rappel, le prince Mohammed ben Nayef est à l'origine de la création, il y a trois ans, d'un centre de réhabilitation pour remettre dans le droit chemin les activistes saoudiens libérés de la prison américaine de Guantanamo et certains islamistes radicaux arrêtés dans le pays. L'établissement, qu'il a créé, constitue l'un des principaux éléments de la politique saoudienne pour empêcher une reprise des attentats d'Al-Qaïda dans le pays, secoué par une vague d'attaques entre 2003 et 2006 contre des installations pétrolières et des cibles étrangères. Celles-ci ont coûté la vie à plus de 100 Saoudiens et étrangers. Al-Qaïda, dans la péninsule arabique, réseau né du ralliement de la branche saoudienne d'Al-Qaïda à celle du Yémen, a revendiqué l'attentat dans un communiqué rapporté par le Centre américain de surveillance des sites islamistes (Site). Site affirme que des détails sur cette revendication seront publiés ultérieurement. C'est la première fois, depuis 2003, qu'un membre de la famille royale est visé par un attentat. Le 19 août dernier, dans le cadre de la poursuite de lutte antiterroriste, le ministère de l'Intérieur avait annoncé l'arrestation de 44 personnes présentées comme les membres d'une cellule de recrutement et de soutien à Al-Qaïda. Et le 8 juin, la justice avait rendu son verdict dans les procès de 330 membres présumés d'Al-Qaïda, comportant au moins une condamnation à mort.