Les vêtements proposés sont relativement usés, mais on a l'impression qu'ils sont neufs et bien entretenus. Parfois ils le sont, car il suffit de bien les laver. Le marché de la friperie attire beaucoup de gens pour faire leurs achats tout au long de l'année, particulièrement ces jours-ci, à l'occasion de la rentrée des classes et à l'approche de l'Aïd. Le mercredi passé, l'espace occupé par la friperie au marché hebdomadaire de Hassi-R'mel a été vite pris d'assaut. Il grouille de monde dominé par la gent féminine. Enfin, il est devenu la destination par excellence des habitants des régions avoisinantes, comme Hassi-Dellâa, Belli, Bouzbeier, Tilghemt, Berriane, etc. Cet endroit est carrément monopolisé par les femmes qui passent des heures entières à manipuler les vêtements proposés, à questionner les vendeurs et, souvent, le marchandage revient à la charge et les langues se délient et à chacune de conclure la bonne affaire. On y trouve des jeunes et moins jeunes, des pères et mères de famille et même de travailleurs exerçant dans cette zone industrielle abritant l'un des plus grands gisement de gaz du monde. C'est vrai que les vêtements proposés sont relativement usés, mais on a l`impression qu'ils sont neufs et bien entretenus. Parfois ils le sont, car il suffit de bien les laver. Contrairement aux magasins légaux, les prix des marchandises n'y sont pas affichés. Mais c'est moins cher, nous dit-on. Bien rangés, les vendeurs vous harcèlent, parfois mégaphone à la bouche, brandissant une marchandise variée que des bras s'arrachent et les porte-monnaie n'hésitent pas à sauter, puis on achète de tout et de rien. En effet, attirés par de bonnes occasions, les citoyens se précipitent vers les tables de fortune, ornées de vêtements pour enfants et adultes, chaussures et autre lingerie. Beaucoup d'entre eux ont avoué qu'ils y trouvent parfois des articles très chics et de qualité meilleure que ceux proposés dans les magasins légaux. En plus, les vendeurs sont entreprenants. Ils sont souvent prêts à céder leur marchandise à des prix négociés et abordables, nous confie une mère de famille. Pour notre interlocutrice, la qualité des vêtements et les prix accessibles sont les motifs “qui l'ont poussé à venir acheter des habits à la friperie”. Pour donner crédit à l'aveu de son amie, F. M., mère de cinq enfants en bas âge, nous confie que le faible salaire de son mari ne lui permet pas “d'acheter des vêtements neufs”. Avec sa faible bourse, A. Belaïd, étudiant à l'université Ammar-Thelidji de Laghouat, nous dit qu'il n'a “que de quoi acheter un pantalon usé pour la rentrée universitaire”. La friperie à Hassi-R'mel connaît un engouement remarquable de la part des citoyens, toute catégorie confondue. On fouille, on cherche et on essaie de dénicher le joli tricot, la belle paire de souliers, dont le prix satisfait tout le monde. Mais il faut dire que ce marché informel n'est pas un espace réservé uniquement aux pauvres, aux faibles bourses, ou à la couche sociale moyenne, si l'on peut encore parler de couche moyenne en Algérie tant elle tend à disparaître totalement pour rejoindre la couche pauvre de notre société, mais c'est aussi un espace fréquenté par un bon nombre de personnes “aisées”. Par ailleurs, en dépit des prix jugés souvent abordables, la grande majorité des citoyens interrogés ignorent les risques sanitaires occasionnés par les biens acquis auprès de ces espaces. En tout état de cause, la friperie est jusque-là un commerce informel, constituant un créneau commercial juteux, investi même par les grands bonnets. Ne serait-ce pas là l'une des raisons qui ont laissé l'Etat rester loin d'y mettre de l'ordre en termes de droit fiscal ?