On s'achemine vers un durcissement de la situation à la Ceramic House Solution (CHS), nouvelle dénomination de la Sofe Mila, depuis sa reprise en 2007 par le Portugais Sofalsa. Les 180 employés de cette entreprise, spécialisée dans la céramique ménagère, viennent de saisir l'inspection du Travail à Mila, passage obligé avant de porter leur affaire des salaires impayés devant les tribunaux. Les représentants des travailleurs de l'unité affirment qu'ils n'ont pas perçu de salaires depuis pratiquement 15 mois et que cette étape qu'ils viennent d'entamer est édictée par le comportement irresponsable de leur employeur européen, Carrera Bernardes Da Manuel Creuz, le repreneur de l'usine. Les représentants des travailleurs, rencontrés ce lundi, soutiennent que ce dernier fait peu de cas des engagements qu'il prend, citant à titre d'illustration ceux formulés et consignés sur PV, en date du 6 janvier 2009, à l'occasion d'une rencontre de conciliation provoquée par les deux partie et où l'employeur s'est engagé à régler l'ensemble des arriérés de salaires des travailleurs dans un délai de trois semaines. Pour en revenir aux requêtes individuelles adressées aux services de l'inspection du Travail, les concernés font valoir leurs droits légitimes, à savoir les salaires impayés de 15 mois de travail, les préavis de licenciement, les indémnités des congés annuels impayés et leurs droits à des certificats de travail. Tout en affirmant leur attache- ment à leur droits et leur opposition à toute tentative de vente ou de location de l'usine avant d'avoir empoché leurs droits rubis sur l'ongle, les concernés appellent la Société de gestion des participations (SGP) d'Annaba, partie cédante de l'usine au profit de l'investisseur ibérique, de peser de tout son poids dans cette affaire et d'assumer ses responsabilités de garant de l'aboutissement de l'opération de cession de l'unité afin de mettre fin à cette scandaleuse situation qui ne fait pas honneur à la politique de privatisation, mise en place pourtant pour venir à la rescousse d'un secteur public qualifié de défaillant. Pour les concernés, la situation qui prévaut au sein de l'unité s'apparente à une cessation d'activité unilatérale puisque, argumentent-ils, le repreneur portugais, non seulement tourne le dos à ses employés algériens, mais ne fournit même pas l'administration de l'usine en moyens de travail d'usage tels les stylos, l'encre et le papier de bureau. En effet lors de notre passage, ce lundi, dans les bâtiments de l'usine, fleuron de l'industrie locale jadis, on a été stupéfait par toutes les dégradations et les dévalorisations qui ont sapé ce patrimoine industriel depuis son passage au capital étranger. Les différents ateliers sont pratiquement à vau-l'eau et le piquet d'incendie et de sécurité ne dispose même d'excticteurs où d'un bassin d'eau pour faire face, le cas échéant, à des incendies. Quant à l'environnement des ateliers, il est envahi par les chardons à tel point qu'on se croirait aisément en rase compagne. Le spectacle se passe franchement de tout commentaire.