Un nouveau pas a été franchi à Tripoli pour la succession du leader de la révolution libyenne avec la désignation officielle de son fils Saïf al-Islam au poste de coordinateur général des “directions populaires”, l'instance qui regroupe l'ensemble des personnalités politiques, économiques et tribales les plus influentes du pays et qui sont désignées par Kadhafi père. Ce poste, très important dans ce pays, qui n'a jamais connu d'élections depuis l'accession au pouvoir de Mouammar Kadhafi le 1er septembre 1969 suite à un coup d'Etat, confirme les rumeurs du passage du témoin à Saïf al-Islam. Le guide de la Jamahiriya s'était prononcé il y a 10 jours pour la nomination à de hautes fonctions de son fils, “un homme sûr qui aime son pays”. Ainsi, Saïf al-Islam sera investi de “toutes les prérogatives pour mener à bien sa mission de bâtir la Libye du futur”, souligne un communiqué rendu public. Pour rappel, Saïf al-Islam a joué un rôle clé dans le parachèvement du rapprochement de la Libye avec l'Occident, notamment en négociant la remise en liberté, il y a deux ans, des cinq infirmières bulgares condamnées à mort pour avoir prétendument inoculé le virus du sida à des enfants libyens. Il était également à l'origine de la libération de l'agent libyen, Abdelbasset al-Megrahi, des geôles écossaises où il purgeait sa peine de prison suite à sa condamnation dans l'affaire Lockerbie. Cette libération avait fait couler beaucoup d'encre et de salive en Occident, obligeant Londres à se défendre face aux critiques, notamment américaines. Saïf al-Islam n'avait pas hésité à affirmer que la libération d'al-Megrahi, annoncé comme un geste humanitaire par la Grande-Bretagne, entrait en fait dans le cadre d'accords commerciaux entre Tripoli et Londres. Par ailleurs, le fils de Mouammar Kadhafi est considéré comme le meneur du courant réformiste, dont il se fait l'avocat dans les capitales étrangères, mais qui se heurte à des résistances de la part des puissants chefs militaires ou tribaux qui entourent son père. Ceci étant, Mahmoud Boussoufi, rédacteur en chef du journal Oea, connu pour être un proche de Saïf al-Islam, affirme que les réformes envisagées “sont comparables à un tsunami car elles pèsent du poids de l'opinion publique et ces groupes d'intérêts sont minoritaires. Nous pensons que leur durée de vie expire car ils s'en sont suffisamment mis dans les poches”. Selon cette même source, l'assainissement des rapports entre la Libye et l'Occident permet à Tripoli de se consacrer désormais à ses problèmes propres, comme la corruption dans les hautes sphères, le chômage des jeunes et la dépendance excessive des revenus du pétrole. Il révélera également qu'une nouvelle constitution, sur le point d'être soumise au Congrès général du peuple, l'assemblée suprême du régime, assurera la liberté de la presse et l'indépendance de la justice.