Réapproprions-nous les univers humains, que sont nos villes, des mains de concepteurs publics et privés outranciers, dont les seuls repères et modes de pensée, sont étroitement rattachés à l'outil et au gigantisme. Modifions nos repères et nos modes de pensée. Doit-on au nom de la démocratie, — une notion tellement galvaudée — faire ce que l'on veut où on veut et comme on veut ? Si c'est au détriment de l'intérêt collectif, l'essence même de la vie en communauté, et bien non ! Cela s'apparente à de l'anarchie ! Les modèles d'architecture et d'urbanisme nous interpellent et nous imposent de regarder ce qui se faisait dans le passé. Il y a nécessité à s'adapter à l'environnement, au climat, aux techniques, aussi bien traditionnelles que modernes. Les deux ont leur place et peuvent être tout à fait complémentaires. Mais bien avant de penser au choix des matériaux, il est d'abord question de penser sa ville. Son espace de vie ! En fait, à la question de savoir, est-ce que c'est l'urbanisme qui est au service de l'architecture, ou le contraire ? La raison, selon des professionnels de la question, veut que toute réflexion soit l'émanation d'une concertation multidisciplinaire. Bien au-delà de ces deux professions. Mobilité urbaine La ville doit être pensée pour l'humain et à taille humaine ! C'est l'affaire de toute la société. Tant les exigences sont multiples et variées. L'architecture doit s'adapter à un type d'urbanisme. Et le schéma urbanistique doit à son tour tenir compte d'une architecture déjà existante pour lui offrir toute la mobilité nécessaire. Les voies de circulation. Une utilisation judicieuse du sol, entre zones d'occupation et réseaux routiers. Ce que l'on appelle : la mobilité urbaine. C'est une forme de communication entre individus et professionnels, en amont, et de voies de communication, entre les différents axes et modules, en aval ! El-Hamiz, cas d'école ! Je n'ai pas souvenance d'une quelconque sollicitation publique en prévision de l'élévation de tout un quartier à la banlieue est de la capitale. Renseignement pris, personne de mes amis architectes ou urbanistes n'a été convié à cette grossière mascarade. D'ailleurs, à voir le résultat, cela me rassure de savoir qu'aucun de mes proches n'ait pris part à ce viol environnemental ! À croire que du jour au lendemain, en se levant un matin, on s'est retrouvé face à ce tas de béton en R+3 et plus, avec des garages reconvertis en commerce de gros, demi-gros et détail en tout genre. Bien entendu, personne n'a vu le coup venir, personne non plus n'y voit une quelconque activité commerciale ! Quand on sait l'empressement des services du contrôle de la qualité et des prix pour décider de la fermeture d'un mois, une petite épicerie de quartier au Télemly. Motif : présence de trois tablettes de chocolat, ne mentionnant pas d'étiquetage en arabe, comme le veut la nouvelle loi. Y a du boulot ! Ce ne sont certainement pas ces mêmes services qui sont chargés de mettre de l'ordre dans l'anarchie, notamment urbanistique de la ville, mais que chacun agisse impartialement dans son travail ! Comment peut-on avoir de la passion pour son métier et réaliser des projets tels que El-Hamiz, Sidi-Yahia, Smar, à Alger, la nouvelle El-Alma à Sétif, la nouvelle ville de Tizi Ouzou, Oran, ou ailleurs... Toutes ces banlieues à la fois hideuses, intolérables et sans aucune vie, ni activité culturelle. D'autant que ces lotissements et cités-dortoirs à haut risque, véritables bombes à retardement, n'interpellent plus personne de manière concrète et se perpétuent à travers toute l'étendue du pays. L'Algérie, un laboratoire à ciel ouvert ! Le pire, en matière de grande concentration humaine, et de la question de la non-gestion de la mobilité urbaine, découle du vieux concept des villes nouvelles. Un concept archaïque à l'origine de nombreux maux et fléaux sociaux. Y a qu'à voir les infortunées expériences des villes nouvelles dans certains pays du monde, notamment du côté de l'Europe de l'Est. Ces projets déstructurants et démesurés ont eu pour conséquence de déshumaniser des populations entières et ont permis à des individus malintentionnés de mieux se noyer dans la masse. On a du mal à imaginer un tel scénario chez nous, alors qu'on a toutes les peines du monde à juguler une délinquance juvénile, dont les proportions deviennent très inquiétantes. Il est question de déplacement des personnes. Ce qui par conséquent relève également de la gestion de la mobilité urbaine ! Gageons que l'idée irréaliste et passéiste des villes nouvelles de Sidi-Abdallah et Boughezoul, fasse preuve de plus de sagesse et de pragmatisme ! Y en a assez de prendre l'Algérie pour un laboratoire à ciel ouvert et ses habitants pour des cobayes ! R. B. [email protected]