Seize acquittements ont été prononcés par le juge. Un seul condamné à une peine avec sursis. Ce n'est que vers 21 heures jeudi soir, et ce, après plus de cinq longues heures de délibérations que le verdict dans le très attendu et très médiatisé procès des 17 militants du FFS de la fédération de Ghardaïa, est tombé. Ces derniers sont accusés d'attroupement armé sur la voie publique, obstruction de la voie publique, incendie volontaire, coups et blessures volontaires contre les forces de l'ordre et incitation à la violence. Une explosion de joie dans la salle et dans la rue où des dizaines de sympathisants du FFS attendaient l'issue du procès. Le procès s'est déroulé dans une atmosphère sereine malgré l'impressionnant dispositif de sécurité déployé dans et autour de l'enceinte de la cour. Rappelons que le procureur a requis une peine de cinq ans de prison ferme contre douze des prévenus, parmi lesquels figurait la figure emblématique du FFS de Ghardaïa, le docteur Kamel-Eddine Fekhar et demandé l'application de la loi pour les cinq restants. Dans leurs brillantes plaidoiries, les avocats de la défense, très bien organisés et maîtrisant parfaitement le dossier, ont battu en brèche toutes les accusations portées contre leurs mandants et demandé l'acquittement pur et simple pour l'ensemble. Hormis, B. M., qui a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 20 000 DA d'amende pour attroupement sur la voie publique, tous les autres ont été acquittés à la grande joie des défenseurs des droits de l'Homme présents en force dans la salle, à l'image d'El-Haddi Chalabi, Ali Laskri, ex-premier secrétaire du FFS, le docteur Naït Abdallah Rabah, Mme Bouamama, membre du conseil national, chargée de la formation et directrice de l'école de formation politique du FFS de Aïn Larnat à Sétif, Sid-Ahmed Sidhoum et de bien d'autres visages connues sur le terrain politique et de défense des droits de l'Homme. L'affaire remonte au 13 octobre 2004, lorsqu'une grève des commerçants de la vallée du M'zab a dérapé pour prendre des proportions d'affrontements avec les forces de l'ordre. La bâtisse de l'Algérienne des Eaux ainsi que le bureau de poste de Souk Lahtab, en plus de deux véhicules, ont été incendiés. Des dizaines d'interpellations ont été opérées dans divers quartiers de la vieille ville, assiégée alors par les forces antiémeutes. Traitée une première fois par le tribunal de Ghardaïa qui avait à l'époque condamné quelques militants à des peines de prison et lancé des mandats d'amener contre d'autres, entre autres le responsable de la fédération du FFS de Ghardaïa, le docteur Kamel-Eddine Fekhar et qui a été arrêté le 1er novembre 2004, en plein conseil national du FFS à Alger. Transféré à Ghardaïa, et immédiatement écroué à la prison de Châabet Ennichène, il avait purgé une peine de plus de cinq mois de prison. Entre- temps, la partie civile ainsi que la défense ayant fait appel, l'affaire s'est retrouvée devant la Cour suprême qui a décidé de la renvoyer devant la cour criminelle de Ghardaïa, cinq ans plus tard. Karim TabBou “C'est la victoire de la rue” “Cette victoire est celle de la volonté de la rue sur celle des décisions par téléphone. Aucun tribunal n'a jamais vaincu la volonté de la rue. Nous avons gagné aujourd'hui une bataille décisive contre l'injustice et la répression des militants et défenseurs des droits de l'Homme en Algérie. Le pouvoir est aux abois. Nous sommes dans la juste voie, celle de la démocratie et des libertés. Notre présence aujourd'hui en masse à Ghardaïa est un signe fort de solidarité du parti avec cette région, particulièrement avec nos militants et à leur tête le docteur Kamel-Eddine Fekhar, que le pouvoir cherche par tous les moyens à briser toute forme de contestation pacifique. Nous maintiendrons cette dynamique de combat pacifique.” Le Docteur Kamel-Eddine Fekhar “Je suis ému” “Je remercie tous nos amis qui nous ont soutenus sans relâche dans cette épreuve, particulièrement le collectif des avocats du FFS et les militants de défense des droits de l'Homme. Je remercie la direction nationale du parti qui s'est déplacée aujourd'hui à Ghardaïa. C'est un honneur pour nous que la direction ait programmé un conseil national extraordinaire dans notre ville. C'est une première dans les annales de notre parti. Je suis ému, je n'arrive pas à trouver les mots qu'il faut. Mais je ne serai heureux et apaisé que lorsque je verrai libre devant moi le militant Baba Nedjar Mohamed, condamné injustement à la réclusion criminelle à perpétuité pour un crime dont il ne cesse de crier son innocence. Nous ne l'abandonnerons jamais.”