Le 3 à 0 face au Malawi n'est pas un accident. C'est l'addition salée qu'on paie pour toute la désorganisation, l'impréparation, l'amateurisme et la trop grande prétention que l'EN a eue, FAF, staff technique, joueurs et sponsors. Combien coûte une défaite au premier tour de la CAN contre le Malawi ? L'équipe nationale empoisonnée par l'argent, les primes, le bling-bling et les contrats de sponsoring vient de sombrer pour son entrée en matière en Coupe d'Afrique. Une défaite salutaire pour que les Verts redescendent sur terre. Abasourdis. Les Algériens qui se voyaient rivaliser avec les Beckham, Lampard et Gerard viennent de tomber sur les humbles Malawis qui nous ont fait rappeler que le football n'est pas qu'une simple question de talent, mais de travail, d'état d'esprit, de détermination et de modestie. Tout ce que n'a pas montré l'EN, hier, pour inaugurer sa CAN. Tout ce qu'a montré le Mali face à l'Angola pour revenir à la force des tripes. Bien sûr, les Algériens vont se mettre à la recherche du coupable parfait. Celui qui a permis cette déculottée historique face à un Malawi qui est plus connu pour ses coureurs du demi-fond que pour son football. Et le gagnant est : Rabah Saâdane. On va bien sûr se défouler sur le pauvre homme et ses choix technico-tactiques. On vient bien lui reprocher son manque de charisme et d'autorité face à certains joueurs. On va lui reprocher les titularisations de Saïfi ou de chaba Zahouania. On va évidemment l'accuser de ne pas avoir choisi les bons joueurs pour ce match. Mais tout cela est dérisoire et futile. Surtout que Saâdane a été le seul à prévenir son monde de cette bérézina jusqu'à se faire accuser de défaitiste. La faute n'incombe pas au seul Saâdane, responsable sur le terrain, que certains vont être tentés d'utiliser comme un fusible. On vire le “vieux” et on va au Mondial avec un nouvel entraîneur. Ok, mais pour y faire quoi ? Et avec quel état d'esprit ? La faute incombe aux décisions stratégiques, notamment de la FAF dont le président pérorait qu'on va aller en finale et gagner la Coupe d'Afrique ! Des questions enfouies vont remonter à la surface. Pourquoi avoir fait de l'argent le seul moteur qui détermine les performances des joueurs ? Pourquoi avoir préparé la CAN dans un sud de la France enneigé, alors qu'on jouait par plus de 30 degrés à l'ombre et avec 70% de taux d'humidité ? Pourquoi avoir confié la préparation de ce stage à des boîtes de communication qui n'ont rien à voir avec le monde du football ? Pourquoi peut-on payer une prime de victoire de cent mille euros et être incapables d'organiser un match amical avec une nation africaine avant la CAN ? Comment a-t-on pu instrumentaliser politiquement le football au point que les joueurs se sont crus en mission nationale, leur rajoutant une pression supplémentaire ? Le 3 à 0 face au Malawi n'est pas un accident. C'est l'addition salée qu'on paie pour toute la désorganisation, l'impréparation, l'amateurisme et la trop grande prétention que l'EN a eue, FAF, staff technique, joueurs et sponsors. Faut-il être déçu ? Non, car le football va si vite et au vu de la prestation d'hier, on ne devrait aller nulle part. Comme on ne peut pas croire que le héros de Khartoum, Chaouchi, devient aussi nul en un mois. Reste un Mondial à faire et il est temps, déjà temps, de faire le bilan et probablement le ménage. Car pour les “guerriers du désert”, hier, on avait vu que le désert. Et on sera certainement la première équipe à rapatrier après le Togo. M. B.