Redoutant l'établissement d'un réseau terroriste allant du Yémen à la Mauritanie, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a estimé nécessaire une coopération régionale entre l'Europe et les pays du Maghreb afin de contrer Al-Qaïda. Déplorant l'insuffisance des contrôles anti-terroristes dans le désert du Sahara, Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères a affirmé, à l'issue d'une rencontre avec son homologue tunisien, Kamel Morjane, qu'il était nécessaire d'établir une collaboration entre l'Europe et l'Afrique en la matière. Il fera remarquer qu'outre les pays nord-africains limitrophes du Sahara, “le problème” concerne en premier lieu les Européens “parce que c'est nous qui sommes menacés”. Voilà un aveu, qui bien que tardif, vient réveiller la conscience des dirigeants du Vieux continent qui ont mis beaucoup de temps à réaliser la gravité de la situation, laissant pendant ces dernières années les pays de la rive Sud de la Méditerranée combattre seul et sans les moyens adéquats ce phénomène du terrorisme, qui a fini par les rattraper. “Le désert du Sahara ne peut pas être suffisamment contrôlé. Aussi, une coopération contre le terrorisme entre les pays de l'Afrique du Nord et de l'Union européenne est-elle indispensable et incontournable”, a-t-il notamment déclaré lors d'un point de presse animé avec le ministre tunisien des Affaires étrangères. Il a particulièrement averti contre le risque d'une extension du réseau d'Al-Qaïda. “Je ne voudrais pas voir un jour s'établir un réseau consolidé d'Al-Qaïda du Yémen à la Somalie et jusqu'à la Mauritanie. Ce serait la faillite des efforts que déploie la communauté internationale” pour combattre ce fléau, a souligné le diplomate italien. Il a par contre refusé de livrer des informations sur les efforts en cours pour libérer deux Italiens kidnappés par Al-Qaïda dans le sud de la Mauritanie. Cette affaire est le motif de sa tournée dans la région, qu'il a achevée par cette escale dans la capitale tunisienne, après s'être rendu au Mali, en Ethiopie, au Kenya, en Ouganda et en Egypte. L'objectif de ce déplacement est de tenter d'obtenir la libération de six otages européens, dont les deux Italiens, outre trois Espagnols et un Français kidnappés en novembre et décembre derniers et qui seraient détenus au nord du Mali par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. L'autre but de la présence de Franco Frattini à Tunis était d'encourager le régime de Ben Ali dans ses efforts pour endiguer les flux de clandestins en partance pour l'Italie, “grâce aux patrouilles et contrôles renforcés des côtes”, dira-t-il. Dans la foulée, le ministre italien plaidera pour “une relance des relations bilatérales” entre Tunis et Rome, tout en faisant miroiter un possible relèvement des quotas d'immigration pour les Tunisiens, dans le cadre d'une révision des accords bilatéraux.