Le Professeur Aberkane a indiqué que les restrictions budgétaires sont un axe majeur de la réforme hospitalière engagée par le gouvernement algérien. “Nous avons des moyens inexploités. Nous possédons des compétences humaines inestimables en Algérie. Aujourd'hui, il faut dire à nos concitoyens qu'il ne reste plus de prise en charge à I'étranger. C'est fini !” C'est ce qu'a déclaré le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, le Professeur Aberkane, mardi soir, dans l'émission télévisée Dialogue avec la société. Cette déclaration résume, de façon explicite, l'état d'esprit des réformes engagées par le gouvernement algérien dans le secteur de la santé publique. L'option étant d'aller vers des restrictions budgétaires de façon progressive — ensuite radicale —, le ministre de la Santé a laissé entendre que son secteur est en bute à une nouvelle dynamique, conformément à la nouvelle donne économique, sans pour autant délaisser le volet social. À ce propos, il indiquera : “Riche ou pauvre, le citoyen algérien ouvre droit à des soins appropriés et l'Etat est en mesure d'assurer le minimum acquis aux malades grâce aux efforts des uns et des autres. Cela va de la crédibilité du secteur en permanente mutation.” Le Professeur Aberkane justifiera, toutefois, cette nouvelle attitude par les coûts élevés des soins à l'étranger, notamment quand il s'agit des greffes rénales, d'interventions à cœur ouvert, des soins spécifiques pour les maladies cancérigènes et de certaines affections chroniques. À titre indicatif, une greffe rénale à l'étranger revient à l'Etat à 100 000 euros, soit 450 millions de centimes en monnaie nationale. Cette même intervention reviendrait trois fois moins chère en Algérie, soit à 150 millions de centimes. Idem pour les malades traités avec le procédé de l'hémodialyse et qui sont de l'ordre de 3 000 patients (chaque année) à l'échelle nationale. Il faut savoir que, chaque année, près de 200 Algériens sont à la recherche d'un rein. Ce qui revient à l'Etat à près de 30 milliards de centimes. Ce qui est, cependant, alarmant ce sont les enfants à qui on refuse des prises en charge à l'étranger et qui sont de l'ordre de 20% du total des malades enregistrés annuellement. “Une chose est sûre, on ira vers la société pour la convaincre de nouveaux procédés qu'on introduira dans moins d'un trimestre. Il s'agit de l'exploitation des reins des cadavres. C'est une grande affaire pour nous tous”, indiquera encore le Professeur Aberkane qui signifie que les mentalités doivent évoluer en ce sens pour l'acceptation des vertus du rein du mort. Sur un autre plan, le ministre a évoqué le projet de loi pour la fabrication des médicaments pour les cancéreux. “Il faut aller vers des investissements positifs. Nous avons même lancé, par voie de publicité, ce genre de chose et nous attendons les résultats. Pour nous, trois choses sont importantes : il faut encourager cet investissement, ce qui est bénéfique pour I'économie du pays. Il faut fabriquer le médicament générique de façon à équilibrer l'investissement et le remboursement de ce médicament. Enfin, ce ne sont pas tous les médicaments qui doivent être remboursés, mais juste l'essentiel.” Le ministre qui a insisté sur le rôle des pharmacies hospitalières a affirmé que “cet axe est aussi une priorité de la réforme que nous avons engagée. Le malade hospitalisé doit trouver le médicament qui lui convient”. À une question sur la recherche dans le domaine du cancer et la mobilisation des citoyens quant aux campagnes de sensibilisation lancées par le département de la Santé, le Professeur Aberkane a annoncé qu'un programme national de lutte contre cette maladie a été mis à pied d'œuvre avec la création de deux nouveaux centres, I'un à Annaba et l'autre à Ouargla. Signalons, enfin, que le ministre a lancé un appel au personnel de la santé pour qu'il demeure mobilisé, notamment à l'approche du mois sacré de ramadan où le devoir de solidarité est de mise. F. B.