Entre les positions marocaines et sahraouies, il existe un grand fossé, d'où le peu de chances d'un rapprochement entre les deux parties lors de ces nouveaux contacts informels demandés par l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. Sahraouis et Marocains se rencontrent aujourd'hui et demain à Armonk, près de New York, dans le cadre de la seconde réunion informelle préparatoire au cinquième round des négociations entre les deux parties. À l'initiative de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, l'Américain Christopher Ross, le Maroc et le Front Polisario tenteront d'aplanir leurs différends et préparer le terrain pour une reprise des négociations directes, dont quatre rencontres se sont avérées jusque-là infructueuses. Ce sera un objectif difficile à atteindre tant les positions des deux parties en conflit sont aux antipodes les unes des autres. En effet, selon Rabat, le Maroc prendra part à cette réunion informelle, animé de bonne foi et avec un esprit constructif, en espérant que “les autres parties se départiront de leurs logiques figées et s'inscriront dans une dynamique positive pour parvenir à une solution politique de compromis, réaliste et réalisable, au bénéfice de la paix, de la stabilité et du développement de la région dans le cadre de l'UMA”. En d'autres termes, pour la délégation marocaine, il ne sera question que de sa proposition d'autonomie, qui a pris la formé d'une “régionalisation avancée” depuis le dernier discours à la nation du roi Mohammed VI, en novembre dernier, à l'occasion de l'anniversaire de la “marche verte”, qui avait permis au Maroc d'occuper la partie septentrionale du Sahara occidental, cédant la partie méridionale au régime mauritanien de Mokhtar Ould Daddah de l'époque, avant de reprendre tout le territoire sahraoui après le retrait de la Mauritanie. Un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération indique que la délégation marocaine sera composée de Taïb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Yassine Mansouri, directeur général des Etudes et de la Documentation, et Maouelainin Khalihanna Maouelainin, secrétaire général du Conseil royal consultatif pour les Affaires sahariennes (Corcas). Ceci étant, pour les Sahraouis, il n'est pas question d'accepter autre chose qu'un référendum d'autodétermination, conformément à la légalité internationale et aux différentes résolutions onusiennes. C'est du moins ce qu'a déclaré le représentant du Front Polisario à l'ONU, M'hamed Kheddad, à la veille de cette réunion : “Nos attentes sont celles de la communauté internationale, c'est-à-dire le parachèvement de la décolonisation du Sahara occidental, par la voie de la démocratie, à travers la tenue d'un référendum d'autodétermination permettant au peuple sahraoui de décider librement de son devenir. Nous allons à cette réunion avec la meilleure disposition pour aller de l'avant et faciliter le travail des Nations unies pour le succès de cette rencontre.” Il n'est par ailleurs pas exclu que la situation se complique davantage, parce que les Sahraouis comptent soulever la question des droits de l'homme à travers l'inclusion d'un mécanisme au sein de la Minurso, qui prenne en charge cette question. C'est dire qu'entre les positions marocaines et celles des Sahraouis, il existe un immense fossé, qu'il sera difficile de combler, à moins que Christopher Ross ne parvienne à trouver des compromis, ou que l'une ou l'autre des parties en conflit ne fasse des concessions.