C'est sans grande surprise ni événement marquant que s'est achevée la deuxième série informelle de pourparlers jeudi à Armonk aux Etats-Unis. Les positions des uns et des autres étaient aux antipodes. Les rapprocher relevait pratiquement du tour de force, sinon du miracle. La délégation marocaine, comme il fallait s'y attendre, a campé solidement sur sa position: son projet de large autonomie du Sahara occidental, sinon rien. Il était hors de question pour la délégation marocaine, conduite par son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, de céder ne serait-ce que d'un pouce sur la question de la tenue d'un référendum qui garantirait au peuple sahraoui de se prononcer librement quant à son avenir. Le sujet devenait difficile ou plutôt impossible à être débattu alors qu'il était garanti par la résolution 1871 qui a été adoptée le 29 avril 2009 par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. De quoi ont alors discuté les délégations marocaine et du Front Polisario? Selon M'Hamed Khaddad, représentant permanent de la République sahraouie, la Rasd, auprès des Nations unies, la question des droits de l'homme a été portée au coeur des débats. «Le Maroc fait fi de cette question en refusant toute commission d'enquête internationale», a déclaré le diplomate sahraoui. La situation des droits de l'homme ou «tout suivi à travers la Minurso ou le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés, HCR» n'ont pas été pris en compte par les négociateurs marocains d'après la déclaration du représentant permanent de la Rasd aux Nations unies. Il faut dire que les négociations entamées le 10 février n'ont pas démarré sous les meilleurs auspices. Dix détenus politiques sahraouis parmi lesquels figuraient trois mineurs ont été déférés près la cour d'appel de Tiznit (Maroc) et ont écopé de deux mois à une année de prison ferme. Que leur a-t-on reproché? «Leur participation à des manifestations revendiquant le retrait de l'occupant marocain du Sahara occidental», selon une dépêche répercutée, mercredi, par l'Agence de presse officielle sahraouie, SPS. Le lendemain, cette dernière faisait part d'une lettre adressée par le président de la Rasd, au secrétaire général de l'ONU pour attirer une nouvelle fois son attention sur «l'utilisation de la justice marocaine pour sanctionner les militants sahraouis des droits de l'homme et l'orchestration de procès arbitraires contre des citoyens sahraouis dont le seul tort était de rester attachés à un droit international sacré, qui est le droit à l'autodétermination pour le peuple sahraoui et de revendiquer le respect des droits et des libertés de l'homme», a écrit dans son message Mohamed Abdelaziz à Ban Ki-moon. Et pendant ce temps-là, que se passait-il à Armonk? «A l'issue de la réunion, aucune des deux parties n'a accepté la proposition de l'autre comme base unique pour les négociations à venir», venait de déclarer dans un communiqué, Christopher Ross. Ces seconds pourparlers, après ceux du mois d'aôut 2009 qui se sont tenus en Autriche, ont pris du plomb dans l'aile et se sont terminés sur un échec incontestable, mettant pour encore un long moment les négociations dans l'impasse. Doit-on en conclure qu'il ne reste plus la moindre chance à la tenue d'un cinquième round? «Les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre les négociations dès que possible. A cette fin, l'envoyé personnel effectuera une visite dans la région pour consulter davantage les parties et les autres parties prenantes», a souligné le communiqué diffusé par le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental. Il faut s'attendre donc à revoir dans les prochains jours, Christopher Ross reprendre son bâton de pèlerin. Le Front Polisario a d'ores et déjà indiqué que la garantie du succès de futures négociations avec le Maroc passait par l'instauration d'un climat de confiance. Cela doit passer inévitablement par la question récurrente et impérieuse des droits de l'homme. Elle conduit nécessairement à la libération immédiate de tous les détenus politiques sahraouis au Maroc, le respect des libertées dans les territoires occupés et la stricte observation des termes de l'accord de cessez-le-feu» conclu en 1991, a précisé un message du Front Polisario.