Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a appelé hier Washington à bloquer le projet de résolution qualifiant de “génocide” les massacres d'Arméniens sous l'Empire ottoman, voté la veille par une commission du Congrès américain. L'adoption de la résolution par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine prouve que l'administration américaine “n'a pas suffisamment pesé” pour empêcher ce résultat, a estimé M. Davutoglu, ajoutant qu'Ankara était “sérieusement gêné” par la situation. Le ministre a également prévenu que le texte ne saurait en aucun cas servir de levier de pression sur la Turquie dans ses efforts de normalisation de ses relations avec l'Arménie. “Nous n'avons jamais pris de décision sous la pression et nous n'en prendrons pas”, a affirmé M. Davutoglu lors d'une conférence de presse, ajoutant que le vote avait au contraire fait naître le “risque d'un arrêt” des efforts des deux voisins. Le texte qui n'a pas force de loi, adopté par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine, par 23 voix contre 22, appelle le président américain à “qualifier de façon précise l'extermination systématique et délibérée de 1 500 000 Arméniens, de génocide”. Il intervient alors qu'Ankara et Erevan ont signé en octobre deux protocoles prévoyant l'établissement de relations diplomatiques et l'ouverture de la frontière entre les deux pays, mais que leurs Parlements respectifs tardent à ratifier ces textes. Avant le vote, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, citée par le porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) Michael Hammer, avait averti que l'adoption de cette résolution “pourrait dresser des obstacles devant la normalisation des relations” entre la Turquie et l'Arménie.