Le premier sommet entre l'Union européenne et le Maroc a lieu ce week-end à Grenade avec un programme des discussions ambitieux : immigration, crise financière, changement climatique, Sahara occidental, Union pour la Méditerranée, Proche-Orient... Le Maroc, qui s'est vu accorder en 2008 par l'UE le “statut avancé” qu'il réclamait depuis 2004, est ainsi le premier pays arabe et du sud de la Méditerranée à partager un sommet avec les 27, a souligné la présidence espagnole de l'UE dans un communiqué. Ce sommet sera également le premier présidé par le Belge Herman Van Rompuy, en sa qualité de président du Conseil européen. La délégation marocaine sera dirigée par le Premier ministre marocain, Abbas el Fassi. Outre M. Van Rompuy, l'UE sera représentée par le président de la Commission, José Manuel Barroso, et deux commissaires, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et son ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos. La journée d'hier a été surtout consacrée à une réunion d'hommes d'affaires européens et marocains qui discuteront des possibilités de collaboration dans les domaines des transports, des infrastructures, de l'énergie et des énergies renouvelables. Elle s'achèvera par un dîner des responsables politiques. Le sommet proprement dit durera deux heures aujourd'hui. “L'UE n'entend pas donner de leçons et écoutera le Maroc dire ce qui ne va pas. Mais au niveau européen, nous dirons que si le développement économique du Maroc est bon, il est insuffisant, que plusieurs problèmes subsistent, notamment l'analphabétisme, et qu'il y a une absence de développement dans certaines parties du pays, ce qui est préoccupant car porteur de risques”, a indiqué à Bruxelles une source diplomatique européenne. “La question des droits de l'homme sera abordée. Il n'est pas pensable que l'UE oublie cela”, a ajouté cette source. La mouvance pro-sahraoui a profité de l'occasion pour organiser aujourd'hui un contre-sommet et une manifestation à laquelle participera la militante Aminatou Haïdar, qui a observé une grève de la faim de 32 jours fin 2009 en Espagne pour protester contre son expulsion du Sahara occidental par les autorités marocaines. Amnesty International a demandé aux dirigeants européens d'évoquer à Grenade “l'intolérance croissante dont sont l'objet les défenseurs sahraouis des droits de l'homme et d'autres personnes en faveur de la libre autodétermination du Sahara occidental”, dans un courrier à la présidence espagnole de l'UE. Soutenu par l'Algérie, le Front Polisario réclame un référendum d'autodétermination sur l'indépendance du Sahara occidental, ex-colonie espagnole que le Maroc a annexée en 1975 et administre depuis cette date. Enfin Reporters sans frontières (RSF) a adressé une lettre à plusieurs dirigeants européens pour “attirer (leur) attention sur la dégradation très inquiétante de la situation de la liberté de la presse au Maroc au cours des derniers mois”. RSF demande aux dirigeants européens “de saisir l'occasion du sommet de Grenade (...) pour rappeler aux autorités marocaines leurs engagements en matière de liberté de presse dans le cadre des négociations du statut avancé”.