Un hommage appuyé a été rendu, mardi dernier, au dramaturge algérien Abdelkader Alloula, à la Maison de la culture de Tlemcen qui porte son nom, à l'occasion du 16e anniversaire de sa tragique disparition à l'âge de 55 ans. Une table ronde a été animée avec la participation de son épouse Raja Alloula qui a annoncé que toute son œuvre théâtrale — avec photos et textes de présentation — va être éditée d'ici un ou deux mois après plusieurs années d'intenses activités menée par la fondation qu'elle préside à Oran. “Avec une dizaine de pièces écrites dans la langue populaire, dont El Khobza, Ladjouad, Lagoual, Homq Salim, Abdelkader Alloula a été prolixe dans son œuvre théâtrale”, a-t-elle notamment déclaré. “Nous tentons de pérenniser sa mémoire et son action culturelle à travers le centre de documentation et d'archives théâtrales domicilié au centre culturel Seghir-Benali à Oran”, a-t-elle ajouté. Pour sa part, Kamel Bendimered, journaliste et critique de théâtre, a déclaré, après avoir évoqué le parcours du grand homme de théâtre que fut Abdelkader Alloula : “Ramant à contre-courant des vagues portées par la civilisation de l'image et la fétichisation du visuel, Alloula a osé et posé avec patience et exigence les balises d'une ‘nouvelle théâtralité' toute induite, énonçait-il, dans le mot, la parole, dans le récit et l'agence de la fable.” Car Alloula disait : “La parole est le premier élément par lequel l'homme a prise sur sa société, et celle de notre théâtre se veut non mystificatrice, généreuse, profonde, renouant avec les capacités d'écoute de notre peuple.” Du point de vue de l'universitaire, Nadjet Khadda, présidente du jury du prix Mohammed Dib, “Alloula a atteint, plus particulièrement dans Ladjouad, un point de perfection encore inégalé dans le paysage algérien, avec une langue drue, colorée, nuancée, rythmée à souhait, pur jaillissement de la langue du terroir soumise au martelage et au ciselage de l'artiste et qui ne dédaigne pas à annexer des néologismes de la modernité ni à se plier à certains impératifs normalisateur”. Le metteur en scène de théâtre, Ali Abdoun, qui dirige la troupe El Afsa, détentrice de plusieurs consécrations nationales et internationales, est également intervenu pour parler de la vie et de l'œuvre de Alloula dont il dira qu'il faut à présent veiller à pérenniser auprès de la jeunesse toute son œuvre pour qu'elle ne tombe pas dans l'oubli.