La brouille entre Israël et les Etats-Unis sur la question des colonies a été récupérée par les lobbys pro-israéliens. Hillary Clinton réaffirme le lien “inébranlable” avec Israël. Obama va certainement suivre. Sa fermeté, ou plutôt son coup de gueule contre Netanyahu, a mis en branle les lobbys pro-israéliens américains. L'Aipac (American Israel Public Affairs Committee), une véritable machine de guerre avec ses 100 000 membres, ses 75 millions de dollars de budget et ses 165 employés qui travaillent dans les bureaux de First Street à Washington, à quelques encablures du Congrès, a rué dans les brancards, interpellant ses hommes et son vaste réseau. Sa rivale, “J. Street”, nouvelle venue sur la scène politique américaine et proche d'Obama, est trop modeste pour rivaliser avec l'Aipac qui a toujours constitué un soutien, le soutien indéfectible à la droite israélienne. C'est, d'ailleurs, le socle de l'alliance stratégique entre les Etats-Unis et l'Etat hébreu. Sa nouvelle rivale “J. Street” est tout le contraire, elle fait figure de progressiste et n'hésite pas à réclamer des concessions de la part d'Israël pour faire progresser la paix entre Juifs et Arabes. La nouvelle organisation est née en 2008 dans le sillage de la campagne d'Obama pour la Maison-Blanche. Lorsque le vice-président en pleine visite en Israël a lâché sa colère, l'Aipac a fait donner ses troupes, critiquant ouvertement le souhait d'Obama de rééquilibrer la politique extérieure des Etats-Unis au Proche-Orient. Pour convaincre les plus récalcitrants de l'establishment de Washington, le lobby a averti que “la brouille” avec Israël détournait des problèmes urgents que sont la volonté de l'Iran de se doter d'armes nucléaires ! Le son de cloche est radicalement différent du côté de J. Street, qui juge la colère de l'administration américaine juste, soutenant ouvertement la solution à deux Etats sur la base de négociations avec l'ensemble des parties du conflit, Hamas compris. Il n'en a fallu pas plus pour que l'Aipac et la multitude d'autres organisations juives de droite traitent publiquement le nouveau venu de renégat antisioniste. L'influence de l'Aipac est intacte au Congrès et au Sénat où, en, en août dernier, elle a recueilli la signature des 71 sénateurs pour une pétition appelant Obama à obtenir de nouvelles concessions des dirigeants arabes vis-à-vis d'Israël. Et voilà que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton rappelle que l'engagement des Etats-Unis envers la sécurité d'Israël reste inflexible. “Nous sommes absolument attachés à la sécurité d'Israël. Il y a un lien étroit et inébranlable entre les Etats-Unis et Israël”, a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, soucieuse apparemment d'apaiser les tensions des derniers jours entre les deux pays. Pourtant, la même Mme Clinton avait dénoncé, il y a peu, une initiative israélienne “insultante”, pour sommer l'Etat juif de renoncer aux 1 600 nouvelles constructions à Jérusalem-Est, en pleine visite du vice-président américain Joe Biden, destinée à raviver des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens. Retour donc à la case départ, une nouvelle tournée de l'émissaire américain George Mitchell au Proche-Orient est annoncée pour faire patienter les Palestiniens, tenir en laisse les dirigeants arabes. Arrogant comme il ne l'a jamais été, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé qu'il n'était pas question de limiter les constructions dans la zone de Cisjordanie annexée à Jérusalem. Quant au négociateur palestinien Saëb Erekat, il ne peut que juger la situation d'explosive. L'ex-Premier ministre Ahmed Koreh a mis en garde contre une troisième intifada ! En attendant, Israël poursuit ses exactions dans les territoires palestiniens.