Comme il est impossible de prévenir contre les pénuries à répétition, les services de contrôle sont constamment interpellés à mettre de l'ordre. Le transfert des mandataires des vieilles halles de la citadelle de Cuvelier dédiée à la vente en gros des fruits et légumes n'est plus qu'une affaire de semaines. Les 240 commissionnaires, qui veillent quotidiennement à l'approvisionnement de la ville en maraîchages frais, semblent satisfaits du nouveau marché implanté dans la commune d'El-Kerma. La gestion de cette structure qui a coûté la bagatelle de 11 milliards de DA sera dirigée par un directeur dûment mandaté par les grossistes. Sur ce plan, la désignation du futur responsable de l'Epic d'El-Kerma répond au souci de se mettre à la disposition du citoyen consommateur. C'est aussi une façon de damer le pion aux animateurs de l'UGCAA qui tentent, bon an mal an, d'introduire de nouveaux mandataires. “Vous comprenez, le commerce de gros des fruits et légumes est une affaire de famille. Nous sommes mandataires de père en fils depuis des décennies”, affirme le président de l'Association des mandataires (AM). Faisant cheval à part, l'association s'inscrit dans une marge de manœuvre indépendante. C'est un droit de regard qui “concerne directement les grossistes des anciennes halles de Cuvelier”, insiste lourdement le président de l'AM. Othmani Mohamed, son vice-président, joint sa voix pour rappeler les exigences de la nouvelle Epic. Celle-ci doit, selon notre interlocuteur, se doter de statistiques et de données de base pour préserver la fluidité du mouvement d'achat et de vente des produits agricoles. Les mandataires auront également un droit de regard sur la gestion du futur pôle des fruits et légumes. Un clin d'œil à la mauvaise organisation du marché de gros des fruits et légumes qui n'adhère à aucune base normative. “Les intermédiaires faussent nos calculs et accaparent de gros bénéfices grâce au jeu de la spéculation”, affirme M. Othmani. Selon lui, c'est à l'Etat que revient la responsabilité de réguler le marché. Mais comme il est impossible de prévenir contre les pénuries à répétition, les services de contrôle sont constamment interpellés à mettre de l'ordre. Ainsi, le dysfonctionnement de la chaîne d'approvisionnement est le fruit du monopole de l'Etat qui avait longtemps dicté sa loi. Depuis, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts sans constat de changement au sein du marché de gros décidément familial. “Nous prélevons à peine 8% de bénéfice sur la vente de nos produits. Ce n'est pas à nous de faire de l'ordre dans cet embrouillamini. Il existe bel et bien des organismes pour çà”, indiquent les responsables de l'Association des mandataires. Il faut suivre du regard la direction du contrôle des prix “qui ne fait pas correctement son travail”, aux dires des concernés. Ils mettent dans le même panier et les services de contrôle et les détaillants qui s'offrent la part du lion. Ces derniers sont dénoncés pour leur propension mercantiliste à faire flamber les prix. “Ils prennent jusqu'à 50% de bénéfice sur les fruits et légumes”, affirment-ils. Dans cet imbroglio labyrinthique, les consommateurs, éternels dindons de la farce, sont assurément les proies de la fluctuation des prix imposée par les responsables à tous les niveaux.