Àpeine rendue publique, hier, la menace du pouvoir de suspendre six journaux dès demain a fait réagir la rue algérienne dans toutes les villes du pays, la classe politique, les organisations syndicales et autres associations et personnalités. À l'Est, à l'Ouest, en Kabylie ou encore à Alger, des citoyens, de différentes catégories socioprofessionnelles, sont unanimes à condamner ce procédé d'un autre âge, prouvant par là même qu'ils ne sont pas dupes des intentions et des desseins du pouvoir, contrairement à ce que celui-ci semble croire. On relève la même unanimité chez les partis politiques qui s'accordent à dire que l'argument commercial avancé par les imprimeries n'est, en fait, qu'un prétexte, au demeurant déjà usité, visant à maquiller une manœuvre politicienne dont le but est de museler la presse libre, après avoir fait main basse sur la Télévision nationale et les autres médias publics. Le groupe parlementaire FLN revendique une commission d'enquête parlementaire sur cette décision des pouvoirs publics. “Le groupe parlementaire du FLN porte à la connaissance de l'opinion publique qu'il demandera la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur cette atteinte au principe constitutionnel que représente le droit à la liberté d'expression”, est-il indiqué dans le communiqué parvenu, hier, à notre rédaction. Ces parlementaires, qui condamnent fermement cette décision de suspension, interpellent, en outre, l'ensemble des acteurs politiques et de la société civile pour “déjouer cette nouvelle tentative de spoliation des acquis démocratiques du peuple algérien”. Tous ces hommes politiques estiment que cette menace est dictée par les enjeux de la présidentielle de 2004. Cette lecture est partagée par des personnalités dont certaines se sont spontanément présentées, hier, à notre rédaction, pour nous témoigner leur solidarité. La même solidarité qu'a tenue à exprimer la Centrale syndicale (UGTA), de même que la Coordination du mouvement citoyen de Tizi Ouzou (CADC) dont certains délégués menacent de recourir à la grève générale, à des manifestations de rue ou de renoncer carrément à toute perspective de dialogue avec ce pouvoir, dès lors, expliquent-ils, que ce dernier prouve, par lui-même, son incapacité de mettre en œuvre la plate-forme d'El-Kseur dont l'une des revendications porte précisément sur l'ouverture et la libération du champ médiatique. S. C.