Nous l'avons eu, le Conseil des ministres tant invoqué. L'ordre du jour tenait en une série de questions entendues : la concession des terres agricole, la procédure de saisie de navires, l'amélioration du contrôle des prix et de la concurrence, d'autres questions sociales et les marchés publics. La “conjoncture” à laquelle s'était remis le président de l'Assemblée nationale n'aura donc pas été favorable à l'étude de l'initiative parlementaire prétendant à la criminalisation juridique du colonialisme. Et l'idée devrait prendre discrètement le chemin de l'oubli, voie de garage de toutes les questions embarrassantes, même quand elles sont l'œuvre d'institutions officielles. Mais c'est encore plus étonnant que le Conseil ne se soit pas, non plus, penché sur la professionnalisation des clubs d'élite du football. Pourtant, vu que, ces derniers temps, le football jouit de la plus grande attention de la part des pouvoirs publics, on s'attendait à la relance de ce qui a été présenté comme une toute récente résolution présidentielle. Le communiqué du Conseil des ministres ne dit pas si l'instance a abordé la question de la forte baisse du niveau d'investissement enregistrée en ce début d'année, des retards dans la réalisation de projets de soutien à la relance de la croissance, ni n'explique comment et pour quels objectifs le budget du programme quinquennal a été pratiquement doublé ! Il ne réagit pas non plus à la vague d'affaires de corruption qui déferle sur l'actualité et qui touche des centres budgétaires parmi les plus sensibles. Un Conseil des ministres aussi technique suffit-il à démentir la panne nationale ? Une panne si fortement ressentie que la vox populi a dû s'inventer une nouvelle d'imminent remaniement ministériel. Au-delà de l'aspect anecdotique de la rumeur, peut-être que l'imagination commune n'avait pas trouvé plus ni moins, pour placer son espoir de reprise de la vie nationale. Peut-être reprendra-t-elle ses conjectures en misant sur le prochain Conseil qu'on recommencera à attendre. Le ralentissement de l'activité sociale, économique et institutionnelle, n'est tout de même pas le seul fruit d'une perception populaire. Si jusqu'ici la panne était couverte par un activisme sonore, il semble désormais soutenu par une immobilité politique. S'il a finalisé quelques dossiers, le Conseil des ministres d'avant-hier devait constituer l'évènement de l'année dans la vie publique du pays. Mais, en ne se prononçant pas sur les questions qui appellent une solennelle intervention de l'Etat, il n'a pas beaucoup changé à l'état général d'expectative. À moins que cette réunion n'est qu'une autre action de démenti, à propos des rumeurs de remaniement ou autres. Tout se passe comme si les autorités ont adopté une espèce de stratégie du suspense. Après avoir attendu que la vie nationale se débloque, on se remet à attendre encore. M. H. [email protected]