Dans une semaine, au plus tard 10 jours, l'Algérie renouera avec ses exportations de céréales. Après une absence qui date de 1967, le produit céréalier algérien reprend enfin sa place sur le marché international. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a déjà mobilisé un chargement d'un bateau d'orge à Rouiba qui sera transféré dans deux jours au port d'Alger. La première exportation sera effectuée ainsi dans quelques jours. Plus de quarante ans après, notre pays basculera de son statut d'importateur net à exportateur en matière de céréaliculture. Enfin, une bonne nouvelle en cette période de stagnation multisectorielle ! Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural apporte à sa manière une petite lueur en ces temps de grisaille économique… Le ministre, Rachid Benaïssa, vient de tracer la voie à suivre à ses collègues. Sa payante politique peut servir d'exemple pour les autres secteurs. L'OAIC a achevé en mars dernier une opération de prospection du marché mondial dans le but d'examiner les offres des clients étrangers potentiels. “Une douzaine de sociétés de renommée mondiale ont retiré le cahier des charges pour acheter l'excédent en orge. Mieux, six firmes étrangères d'Europe et d'Amérique latine ont fait des propositions de prix pour l'achat de la totalité de la quantité disponible”, indiquera le directeur général de l'OAIC, Noureddine Kehal. Ces clients sont attirés par la bonne qualité de l'orge algérienne surtout pour sa teneur en humidité qui ne dépasse pas les 9% alors que les normes internationales sont fixées à un taux de 14%. L'office a donc fait le premier pas et un effort de promotion et de marketing s'en suivra. Comment l'Algérie a pu vivre une telle situation ? Cela a commencé avec la récolte enregistrée pendant la campagne agricole 2008-2009, où il a été produit 61,2 millions de quintaux de céréales dont 24 millions de q d'orge, 24,3 millions de q de blé dur et 11,3 millions de q de blé tendre. De par ses besoins, notre pays a atteint son autosuffisance en blé dur et en orge depuis 2009, réduisant par là même ses importations de blé dur de 80% par rapport aux années 1990. À cette époque, les importations ont été estimées à 2 millions de tonnes/an contre 400 000 tonnes en 2009. Cette satisfaisante production n'est pas le fruit du hasard. Toute une stratégie a été au préalable mise en œuvre. Celle-ci a été fondée, expliquera le ministre de l'Agriculture, sur l'aspect incitatif. Il s'agit entre autres, de la décision incitative de maintien des prix du blé acquis auprès des agriculteurs malgré la baisse des cours mondiaux en 2008. Le ministre a évoqué également la mobilisation de toutes les institutions pour accompagner les agriculteurs. La confiance de ces derniers avec les cadres du secteur a été renforcée notamment lorsque leur paiement intervient dans un délai ne dépassant pas les 72 heures au lieu des 4 mois d'auparavant. Ce qui permet aux céréaliculteurs de relancer leur investissement pour l'année suivante. D'autres mesures telles que la disponibilité des intrants nécessaires, de la réduction de 20% des prix des engrais et du crédit Rfig ont été, en outre, entérinées. Poursuivant sa politique céréalière, le ministère s'est même préparé pour toute faiblesse de pluviométrie. Pour cela, il a arrêté un vaste programme d'irrigation d'appoint dédié aux zones céréalières. À cela, il y a lieu d'ajouter l'acquisition sur les 10 années à venir de 5 000 moissonneuses-batteuses par les CCLS à raison de 500 unités/an.