À travers l'organisation du colloque, ses initiateurs espèrent identifier et faire connaître l'action et la contribution de Yahia Al-Aydli, tout en essayant de localiser et de répertorier les manuscrits disponibles aussi bien dans les bibliothèques publiques que privées en vue de leur édition. Les communes de Béjaïa et de Tamokra ont abrité, jeudi et vendredi, les travaux d'un colloque sur le savant soufi, cheikh Yahia Al-Aydli, mort en 881 H (1477). Pourquoi un colloque dans deux lieux aussi éloignés ? Pour deux raisons, ont expliqué les organisateurs, les membres de l'association Gehimab et du laboratoire de recherche Lamos (université de Béjaïa).C'est à Béjaïa-ville que le célèbre savant est venu donner de son savoir et recevoir. La ville de Béjaïa et son université étaient, en ce début du XVe siècle, des centres de rayonnement, qui ne laissaient aucun savant indifférent. Et durant son escale béjaouie, le savant a évolué, a-t-on indiqué, dans un “milieu scientifique exceptionnel”, où officieront à ses côtés d'illustres savants (Abderahman Ath Tha'aliby, Sidi Touati…) Tamokra, une commune de l'arrière-pays béjaoui, sera, a contrario, sa zone de repli. Ayant pressenti l'invasion inéluctable des Espagnols, Yahia Al-Aydli a préparé, a-t-on expliqué, la fuite des ulémas béjaouis vers la province. Il faut dire que d'autres savants avant lui et qui étaient à des postes de responsabilité ont plié bagage pour des raisons politiques — changement de régime notamment. Ils s'étaient repliés dans des coins les plus reculés de Béjaïa. C'est le cas de cheikh Al-Motraf Al-Makhzoumi, qui a été cadi de Béjaïa et qui a élu domicile à Tizi n'Berber, sur les hauteurs du cap Aokas. Dans sa “retraite”, Yahia Al-Aydli “créera l'unes des toutes premières zawiyya-institut de la Kabylie”. Et pour apprécier le niveau atteint et la dynamique qu'avait suscitée cette institution, les animateurs de Gehimab, à leur tête le professeur Djamil Aïssani, il faut se baser sur le traité, laissé à la postérité, un de ses contemporains, le célèbre juriconsulte Al-Waghlissi. Al-Muqaddima fi al-fikh, plus connu sous le nom d'Al-Waghlissia. Et parmi les rares textes de référence et disponibles de Yahia Al-Aydli intitulés la Wadhifa. Il faut dire qu'il s'affairait à consolider les fondements de son institut. Cependant, la Wadhifa a été, selon les membres de Gehimab, enseignée à Sidi-Soufi sur les hauteurs de Béjaïa jusqu'aux années 1930. Elle demeure un texte de référence jusqu'à nos jours à la zawiyya-institut de Tamokra.Et à travers l'organisation du colloque, ses initiateurs espèrent identifier et faire connaître l'action et la contribution de Yahia Al-Aydli, tout en essayant de localiser, répertorier les manuscrits disponibles aussi bien dans les bibliothèques publiques et privées en vue de leur édition. Il y va de la sauvegarde de notre patrimoine culturel et scientifique. Et une preuve de la contribution d'une région au rayonnement du savoir, de tous les savoirs. Le wali de Béjaïa, Ali Bendrici, a remis, jeudi, au cheikh Tahar Aït-Aljat, le fondateur de la zawiyya, l'arrêté portant inscription du mausolée et zawiyya de cheikh Yahia Al-Aydli, sur l'inventaire supplémentaire du patrimoine culturel de la wilaya. Un patrimoine constitué de cinq édifices datant du milieu du XVe siècle et liés à la vie et aux activités religieuses et spirituelles du savant soufi. Il comprend le mausolée (Takorabt) du cheikh Yahia Al-Aydli et de son élève Sidi Iddir, la mosquée Tighilt qui correspond à la zaouïa historique, la mosquée Ihoudjan, qui est liée à la Karamat relative à l'orientation vers La Mecque, l'ancienne zawiyya (1937) et enfin le hammam Ouguelmime.