Hormis les trafics de minerais et de céréales, le port de Annaba a vu son activité fret fortement régresser en 2009, affirme-t-on. La crise économique y est pour beaucoup, mais pas seulement, déclarent ses usagers traditionnels, qui incombent ce déficit à une gestion par trop rigide du dossier importations. Cheville ouvrière d'un important pôle industriel, le port de Annaba est considéré aussi comme étant la plus importante infrastructure de ce type au niveau de l'Est algérien et la deuxième au niveau national. Ces titres de noblesse ne font pourtant plus recette depuis la fin des années 1990, auprès des importateurs privés qui lui préférèrent les ports voisins de Jijel et de Skikda, aux dimensions, certes, plus modestes mais où le traitement du fret est nettement plus fluide, expliquent plusieurs transitaires des douanes. Ceci pour la simple raison que leurs marchandises quelles soient importées ou exportées sont entreposées durant plusieurs jours, voire des semaines avant d'être expédiées ou enlevées. La cause en est le contrôle parfois lassant de la douane, qui sévit souvent, à ses risques et périls, suite à des informations rapportées par des lettres anonymes. Ont-ils raison d'agir de la sorte ? D'aucuns vous répondent par l'affirmative puisqu'ils ne peuvent pas se permettre d'ignorer des informations relatives aux atteintes à l'économie nationale. À qui incombe la faute alors ? Cette interrogation, qui revient dans le milieu des affaires, mérite amplement d'être posée, surtout que les dénonciations anonymes sont souvent émises à tort ou à raison, pour régler des comptes entre des concurrents. Cependant, elles portent atteinte et nuisent considérablement au trafic portuaire et à la réputation de l'infrastructure. À telle enseigne que même les passagers des navires en provenance ou à destination de Marseille en ont fait les frais. Un responsable du port de Annaba nous a, en effet, révélé que “de 27 car-ferries en provenance et à destination de Marseille en 2007, le trafic a été restreint, durant l'année 2009 et pour l'exercice en cours, respectivement à 8 et 7 car-ferries seulement et il en sera de même pour l'année en cours au vu du programme affiché. Cela dénote de l'appréhension, outre des importateurs ou les exportateurs, des voyageurs, notamment les résidents en Europe.” L'importation du rond à béton en est un exemple édifiant. En effet, dans ce milieu plus que juteux en affaires, un importateur représente pratiquement la pierre d'achoppement qui a fait fuir plus d'un concurrent, dont plusieurs ont été inquiétés par la justice. Cet homme d'affaires, dont le titre ne lui sied pas, est connu pour être à l'origine d'une avalanche de lettres anonymes qu'il émet à la veille de chaque arrivage de cargaison de rond à béton. Mêmes les promoteurs et hommes d'affaires étrangers en exercice à Annaba n'ont pas été épargnés par les agissements et sabotages. Bien que plus nantis, ses concurrents n'ont pas résisté à l'abus et ont préféré quitter les lieux en s'orientant vers d'autres ports plus cléments dont celui de Skikda. Cela représente une perte sèche et pour le port et pour le Trésor de la wilaya. À propos, pourquoi le port de Skikda qui dispose d'une zone franche (Dubaï) n'a-t-il jamais été dénoncé ? Selon nos informations, ses prestations représentent une enveloppe qui se chiffre à des milliards de dinars dont profite le Trésor de la wilaya. Pour beaucoup de douaniers et autres économistes, le port de Annaba, qui fait partie intime de l'histoire de la Coquette à travers les âges, se meurt, du fait de la dépréciation de son activité, dont l'animation rayonnait il n'y a pas si longtemps sur l'ensemble de l'extrême nord-est du pays, et une partie de la région sud. Aujourd'hui, seuls les minéraliers et les céréaliers, ou encore des cargos destinés au chargement de la ferraille, une manne pour des “hommes d'affaires” qui trouvent en le port de Annaba, un filon d'or inépuisable leur semble-t-il et qui ont fini par imposer leur diktat en mouillant leur ancre dans la rade. Il faut dire, aussi, que les “facilités” accordées au port de Skikda et surtout celui de Djendjen ont largement entamé l'influence du port de Annaba, dans la région est du pays. Aujourd'hui, le fer de Ouenza, de Djebel Onk, le phosphate de Bir-el-Ater (Tébessa) ne font plus recette, et l'acier produit par le complexe d'El-Hadjar n'est plus exporté, lui qui a fait de Annaba la capitale de l'acier.