Alors qu'il avait menacé de retirer sa proposition d'un échange de combustible nucléaire avec les grandes puissances, avec le soutien par la Turquie et du Brésil, le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé, hier à la télévision d'Etat, qu'elle est “toujours valable”. Mettant à profit sa rencontre avec le président du Parlement turc, Mehmet Ali Shahin, en visite à Téhéran, le chef de l'Etat iranien a déclaré : “La déclaration de Téhéran est toujours valable”, et constitue “un nouveau modèle pour gérer les affaires du monde sur la base de la justice et de la logique”. Pour rappel, l'Iran a proposé, le 17 mai, aux grandes puissances, dans le cadre d'un accord avec le Brésil et la Turquie, d'échanger en territoire turc 1 200 kg de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kg de combustible enrichi à 20% destiné au réacteur de recherche médicale de Téhéran. Cette offre est proche de celle faite en septembre par le groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie et France), rejetée par Téhéran, pour créer un climat de confiance autour du programme nucléaire iranien dont les grandes puissances craignent qu'il n'ait des visées militaires. Mais, parallèlement à sa proposition d'échange, l'Iran avait dit qu'il comptait poursuivre l'enrichissement de son uranium à 20%. Téhéran affirme vouloir utiliser l'uranium enrichi comme combustible pour un réacteur de recherche médicale mais l'Occident craint qu'il ne serve en définitive à fabriquer une arme atomique. Les grandes puissances ont accueilli froidement la proposition irano-turco-brésilienne, jugeant qu'elle venait trop tard et que l'Iran cherchait surtout à gagner du temps. Ainsi, l'initiative de Téhéran n'a pas empêché le Conseil de sécurité de l'ONU de voter, le 9 juin, une nouvelle résolution assortie de sanctions condamnant la politique nucléaire iranienne. Les membres du groupe de Vienne y ont néanmoins répondu en demandant à l'Iran de clarifier certains points. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, a déclaré que l'Iran allait protester contre le vote de la résolution 1929 en envoyant des lettres séparées aux 15 pays membres du Conseil de sécurité. “Le ministre des Affaires étrangères va envoyer des lettres à tous les membres du Conseil de sécurité pour protester contre l'approche illogique qui a abouti à l'adoption de la résolution et expliquer de manière détaillée la position de notre pays”, a-t-il dit lors de son point de presse hebdomadaire. “Nous considérons cette résolution illogique (...) et nous ne permettons à personne de limiter nos droits”, a-t-il ajouté, affirmant que “les pressions politiques allaient renforcer la détermination de l'Iran”.