Cosmopolite, capitale politique sud-africaine, cœur battant d'un pays riche en diamants et en charbon, Cape Town respire la vitalité. Se rendre à la pointe extrême de l'Afrique du Sud vaut la peine. Route spectaculaire creusée dans la montagne offrant des vues panoramiques sur la côte et l'océan Atlantique. Quartiers chics, centre où flirtent dangereusement fortune et pauvreté. On l'aura bien compris, assimilé et vérifié : Cape Town n'a rien à envier aux plus grandes capitales du monde. C'est là où la rencontre Algérie-Angleterre s'est déroulée, hier, dans le magnifique stade de Green-Point. La ferveur populaire s'étant très rapidement emparée de la capitale politique de l'Afrique du Sud, Cape Town, la veille de la rencontre Algérie-Angleterre, quelques confrontations entre ultras Anglais et fans algériens ont émaillé le séjour de nos compatriotes, jusqu'à présent très convivial. Cependant, à travers leurs randonnées dans les magnifiques artères et boulevards de Cape, là où se trouve l'une des plus belles baies au monde, les surprenantes falaises qui lorgnent l'océan Atlantique, les envoyés spéciaux de Liberté ont pu vérifier l'hospitalité des habitants de Cape, pourtant originaires de Grande-Bretagne, tous acquis à la cause anglaise. Si les Algériens ont gagné la bataille des tribunes et de la rue lors de la première confrontation face à la Slovénie, ce n'était pas le cas, hier, dans les gradins flambant neufs de Green-Point Stadium. Drapeaux, banderoles, chapeaux géants ornaient les grands boulevards, immeubles et cafés de la ville. “C'est une ville anglo-saxonne à dominance britannique. Beaucoup d'Anglais vivent ici depuis belle lurette. Cape Town appartient aux Anglais”, nous dira John, un Français parisien de souche qui vit dans ce coin paradisiaque depuis vingt-sept ans. Il nous révèle par la suite que des échauffourées entre fans des deux galeries ont éclaté à titre illustratif à Waterfront, un quartier prisé et l'un des hauts lieux de Cape Town, situé au cœur d'un port de plaisance. “Au départ, tout était calme, les supporters des deux sélections faisaient la fête, chacun de son côté, mais lorsqu'un Anglais a commencé à lancer des insultes en direction des Algériens, l'ambiance est devenue tendue. Certains Algériens ne se sont pas laissé faire et ont voulu immédiatement en découdre. Mais le service de sécurité est intervenu à temps pour remettre de l'ordre”, fait-il savoir. Annoncé comme un match à hauts risques, des mesures sécuritaires draconiennes ont été prises par les services de sécurité sud-africaines afin d'éviter tout débordement ou autre attentat criminel qui pourrait porter un grand préjudice à cette compétition planétaire. Tous les quartiers sont surveillés par des policiers 24h/24, sans parler des caméras de surveillance installées aux quatre coins de la ville. Mais cela n'a pas suffi pour éviter des rixes. Abderahmane B., natif d'Oran, rapportera, dans une déclaration à Liberté, ce dont il a été témoin. “Un groupe d'Algériens attablés sur une terrasse de café, à Long Street, brandissait un grand drapeau algérien. À l'étage supérieur, Américains et Anglais étaient amis le temps d'une soirée ; ils étaient en état d'ébriété. En apercevant les Algériens, les hooligans n'ont pas trouvé mieux que de les arroser de canettes de bière. Cette provocation a allumé la première mèche ; un échange d'hostilités langagières s'ensuivra. Une querelle verbale, puis la confrontation directe”, relatera ce supporter. Et d'enchaîner : “Il avait fallu l'intervention de la police. Même un haut responsable de la sécurité est arrivé sur les lieux. Les Algériens, plus nombreux, ont réussi à les chasser du restaurant”, indiquera-t-il. “Quelques chaînes de télévision anglaises et occidentales, présentes en masse, ont même montré des Algériens et des Anglais en train de faire la fête aux alentours, un cordon sécuritaire bien visible, comme cela est le cas depuis la venue des milliers de supporters anglais à Cape”, témoignera Gilbert, dynamique chauffeur de taxi. Non loin de cette rue marchande, Greek, gérant de café de son état, abondera dans le même sens : “Hormis quelques rixes, il ne s'est rien passé à Cape. Je n'ai assisté qu'à quelques accrochages qui me semblent normaux vu l'enjeu de cette confrontation. En tout cas, l'important est d'éviter des drames car les hooligans sont dangereux. Ils sont capables de foutre la pagaille à n'importe quel moment. Pourvu qu'il n'y ait pas de pagaille”, soulignera notre interlocuteur. Des témoignages assez révélateurs de l'ambiance un brin électrique qui a régné la veille du match dans différents points de la ville, précisément là où des supporters algériens se sont très bien comportés et qui n'ont pas tous répondu aux actes provocateurs des hooligans qui auraient très bien pu tourner au vinaigre. Ce n'était pas le cas il y a douze ans, lors du Mondial français de 1998. À l'époque, le fait d'avoir brûlé le drapeau tunisien à Marseille a donné lieu à des confrontations entre les supporters tunisiens et hooligans anglais. Solidaire, la communauté maghrébine établie dans la cité phocéenne, algérienne entre autres, a donné une raclée aux hooligans. Voulant éviter toute confrontation avec les Anglais, les supporters algériens, qui ont fait le déplacement avec l'Onat, ont été hébergés à 60 bornes de la ville et lieu du déroulement de la rencontre. C'est à l'université de Sloum Beach que les Algériens ont pris leurs quartiers. Il faut dire que la décision d'installer le camp de base des supporters loin de la ville n'était pas fortuite. Craignant d'éventuels dérapages, les organisateurs et les représentants du MJS ont jugé utile d'éloigner le maximum les Algériens des Anglais installés, eux, dans les artères de Cape.